En tant que fan de manga depuis ma jeunesse, je pense que pour beaucoup de personnes de ma génération, deux éléments ont contribué à notre passion pour les arts martiaux : les films de Bruce Lee et les mangas. Je fais partie de la seconde catégorie.
On peut clairement observer l’influence d’un média sur la passion qu’il suscite. Si vous parlez aux pratiquants des années 80-90, beaucoup vous diront qu’ils ont découvert les arts martiaux grâce à un film. Au Japon, un homme a véritablement révolutionné le monde du Karate. J’ai d’abord pensé que c’était Mas Oyama, mais en réalité, bien que Sosai ait été un pratiquant remarquable et un excellent marketeur, c’est un mangaka qui a créé la véritable révolution.
Ikki Kajiwara, l’auteur de « Ashita No Joe, » un manga sur la boxe, est celui qui a propulsé le Kyokushin au sommet des sports de combat au Japon, et plus tard dans le monde entier. Il a revisité la biographie de Mas Oyama en exagérant les faits pour plonger les lecteurs dans un véritable shonen.
Il s’avère que la grande majorité des personnes venues assister au premier championnat du monde en 1975 étaient des fans du manga qui voulaient voir les combats en chair et en os, The 1st World Kyokushinkai Championship 1975. L’année suivante, Kajiwara a réalisé un film qu’il a intitulé The Strongest Karate Kyokushin Documentary. C’est amusant de constater que, sans le savoir, cette influence marketing était toujours associée au Kyokushin, comme je m’en suis rendu compte lorsque je m’entraînais au dojo de l’ACBB en 1998. Sur nos t-shirts et nos hoodies, on pouvait lire « The Strongest Karate ».
Comme je l’ai partagé dans d’autres articles, au début des années 70, le Kyokushin n’était qu’une petite école dont le dojo principal à Ikebukuro se trouvait au milieu d’un bidonville. Seiko Oyama, l’un des deux frères qui ont fondé le Karate Oyama, expliquait qu’il avait été envoyé au milieu de nulle part, en Alabama, alors qu’il n’y avait rien dans la région.
La mythologie entourant le Kyokushin (et attention, ces gars sont vraiment des monstres d’une puissance incroyable) a beaucoup utilisé l’imagination et de nombreuses suggestions. Dans le célèbre manga « Karate Baka Ichidai », toute la première partie est axée sur Sosai, mais il semble que la seconde partie se soit plutôt concentrée sur Ashihara, qui est devenu l’une des grandes figures de la discipline avant de se brouiller avec Oyama et de fonder sa propre association de Karate.
Il faut reconnaître que Kajiwara était un professionnel de la communication, et il savait comment susciter l’intérêt des lecteurs en présentant des éléments réalistes. Plus il donnait l’apparence de la réalité, plus il pouvait nourrir la curiosité des lecteurs, dont certains devenaient ensuite pratiquants de Kyokushin.
Je ne sais pas si vous avez déjà vu Willy Williams combattre un ours dans Human vs. Bear ou même combattre Antonio Inoki dans MMA Ancestors – karate vs wrestling.wmv mais c’est encore une stratégie de Kajiwara. Il est important de noter que Mas Oyama n’approuvait pas nécessairement tout cela. Cependant, même sans son approbation, l’image du karate gagnait toujours en popularité et en influence.
Aujourd’hui, comme pour le Jiu-Jitsu, la publicité n’est pas aussi cruciale qu’elle a pu l’être pour l’UFC. L’essentiel est d’attirer et de susciter l’intérêt pour ces disciplines. Avec le temps, le nombre de pratiquants contribue automatiquement à élever le niveau, en produisant des talents incroyables tels que Gordon Ryan, Maregali, Volkanosky, Tusseau, et bien d’autres.
Plus je découvre les dessous du karaté et de nombreux autres arts martiaux, plus je comprends les raisons qui motivent ces approches, même si elles ne correspondent pas nécessairement à nos idées traditionnelles sur les arts martiaux. Mais quand on y pense, le commerce et le marketing sont aussi un combat, une voie comme une autre 🙂
Ne prenez que ce qui est bon et juste pour vous,
Be one
Pank
#kyokushinkai #karatebakaishidai #masOyama #WillyWilliams #AntonioInoki #Ashihara #IkkiKajiwara #HombuDojo #politique #marketing