Nous aimons parler de nous, même les personnes qui sont en retenues. Une fois lancées sur des sujets qui les passionnent, elles vont facilement partager leurs pensées. Nous apprenons à parler, mais rarement à nous taire. Souvent, c’est une injonction que les parents donnent aux enfants. Pourtant, se taire ne signifie pas écouter. De plus, l’écoute est un processus particulièrement exigeant en termes d’énergie. Paradoxalement, lorsque nous maîtrisons cet art, nous découvrons qu’il est stimulant, passionnant et peut même nous faire oublier de parler.
Lorsque nous prenons le temps d’écouter et d’interroger, nous modifions notre attitude envers notre interlocuteur. Nous ne nous centrons plus sur nous-mêmes ou sur ce que nous devons « vendre », mais nous restons simplement tournés vers l’autre. Nous devenons des récepteurs plus sensibles, capables de jongler entre sympathie et empathie. Dans le cas de la thérapie, nous nous en tenons souvent à la seconde modalité.
À mesure que l’interlocuteur se sent écouté, un lien particulier se forme. Une sensation de fluidité et un désir lui donnent la capacité d’approfondir davantage ses pensées. Nous sommes souvent pris dans des échanges ritualisés, portant sur des sujets qui nous impliquent peu. En revanche, lorsque nous nous sentons écoutés et interrogés avec finesse, nous avons envie de développer notre réflexion.
L’accueil de l’auditeur est un déclencheur possible pour montrer que nous sommes prêts à investir de l’énergie avec lui. C’est une sensation qui laisse croire à une compréhension, même si souvent ce n’est qu’une simple envie de comprendre.
Il est beau de voir l’autre s’investir dans l’échange, cherchant à se faire comprendre, partageant ses expériences et ses mondes intérieurs. Il y a une intimité éphémère, le temps de ce dialogue, un partage qui va plus en profondeur que bien des discussions que vous avez pu avoir au fil des années.
Il est certain que l’attention de l’auditeur doit être aussi concentrée que possible. Pas de téléphone qui sonne toutes les minutes, mais plutôt la capacité à créer une bulle entre lui et son interlocuteur, même si des gens passent à côté, la sensation de proximité reste palpable.
Pour bien écouter, il est utile d’accepter que ce que nous avons à dire n’est pas indispensable. Nos pensées sont rarement révolutionnaires et si nous parlons juste de nous-mêmes sans apporter de valeur ajoutée au sujet, autant réduire nos mots. Il ne s’agit pas d’être mutique, car dans ce cas, notre communication devient une punition pour la personne en face de nous.
Il est bon de se questionner sur la qualité de ce que nous allons dire. Si nous nous contentons de renvoyer un miroir d’une histoire de notre partenaire d’échange, cela montre souvent que nous ne nous intéressons pas réellement à l’autre. Nous cherchons simplement à recentrer la conversation sur nous-mêmes.
Je vous invite, pendant deux ou trois jours, à réduire vos mots et à prendre le temps d’écouter et d’interroger. Vous constaterez certainement que de nombreux dialogues sont sans intérêt. Vous pourrez les classer dans la catégorie des interactions sociales, qui ont une importance capitale mais qui offrent peu de stimulation intellectuelle.
Lorsque vous appréciez une personne, prenez le temps de l’écouter et de lui laisser de la place dans la conversation. Vous constaterez rapidement que l’échange devient plus intense et que vous vous sentez curieux et ouvert à ce qui est partagé. Le temps passera sans que vous vous en rendiez compte, et vous vous sentirez bien en vivant une relation différente, empreinte de justesse et d’authenticité.
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank