Réflexions martiales d’un Hypnofighter #437 : Le meurtre du père

Nous vivons dans les arts martiaux un théâtre freudien. Les enfants des « pères » du dojo ne cherchent qu’à vaincre ces derniers, sans retenue, sans autre idée que de faire taper ou de faire abandonner. Je trouve cette perspective amusante.

Un dojo commence souvent de rien, puis l’enseignant partage ses connaissances, ses propres apprentissages en plus de ceux des générations passées. Dans cette transmission, particulièrement dans les styles d’opposition, il est celui qui motive et que l’on veut égaler, puis dépasser. Les maîtres offrent et forgent les armes qui vont les vaincre.

Oui, nous pouvons trouver cela sublime, mais quand on joue avec cette idée, c’est très animal. C’est le vieux lion qui, tôt ou tard, devra partir ou sera mortellement blessé. Bien sûr, l’intelligence humaine, ou sa manipulation, nous a amenés à créer des grades et des rituels que nous suivons.

Pour les anciens, il y a un respect pour ce qu’ils ont été, mais rarement pour ce qu’ils sont martialement à un moment T. On peut dire qu’à un moment, le combat est en soi, mais il ne reste que ce combat parce que les jeunes lions et lionnes, au moindre faux pas, pourraient remettre le vieux à sa place.

Oui, les anciens aiment à dire qu’ils arrivent encore à botter quelques derrières, mais pour combien de temps ? Non, l’âge ne nous rend pas meilleurs martialement, il nous affaiblit physiquement. Même si vous avez forgé un mental inébranlable, une clé ou un étranglement qui n’aura pas été défendu entraînera la fin de l’opposition physique.

Élever la descendance et pousser cette dernière à le tuer pour aller vers sa liberté, vers son énergie de vie… martiale.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

Martial Reflections of a Hypnofighter #437: The Murder of the Father

In martial arts, we live in a Freudian theater. The children of the dojo’s « fathers » seek only to defeat them, without restraint, with no other idea than to make them tap out or give up. I find this perspective amusing.

A dojo often starts from nothing, then the instructor shares their knowledge and their own learning, in addition to that of past generations. In this transmission, particularly in opposition-based styles, they are the one who motivates and whom one wants to equal, then surpass. The masters offer and forge the very weapons that will defeat them.

Yes, we can find this sublime, but when you play with this idea, it’s very animalistic. It’s the old lion who, sooner or later, will have to leave or be mortally wounded. Of course, human intelligence, or its manipulation, has led us to create grades and rituals that we follow.

For the elders, there is respect for what they were, but rarely for what they are martially at a given moment. One can say that at some point the fight is within oneself, but only this fight remains because the young lions and lionesses, at the slightest misstep, could put the elder back in their place.

Yes, the elders like to say that they can still kick some butt, but for how long? No, age does not make us better martial artists; it weakens us physically. Even if you have forged an unshakable mindset, a joint lock or a choke that was not defended will lead to the end of the physical opposition.

To raise the offspring and push them to « kill » him to move towards their freedom, towards their martial life energy.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions de Pank / Instantané #440 : Réapprendre à s’ennuyer ensemble

Vous avez sûrement vu que 25 % des 15-29 ans pourraient souffrir de syndrome dépressif. L’OMS définit la dépression comme « une tristesse persistante » ou « une perte durable de la capacité à éprouver de l’intérêt ou du plaisir pour les activités qui en procuraient auparavant ».

Et l’une des raisons clés est la solitude. On revient sur cette fameuse société hyperconnectée qui ne nourrit pas en profondeur les besoins de présence, de confiance, d’échanges, ce que, en Analyse Transactionnelle, Berne avait nommé « strokes ».

Beaucoup estiment que leur vie sociale est insatisfaisante, et il est compréhensible que, dans une ère où l’on vend tout en excès, passer des heures à ne rien faire sous un abribus ou au pied d’un bâtiment ne ressemble pas à l’image rêvée qui est diffusée sur les réseaux.

Je ne cesse d’entendre que beaucoup de personnes s’ennuient, dans un monde qui offre une infinité de divertissements. C’est là que l’on peut voir l’importance de la qualité sur la quantité. D’ailleurs, même les plus cinéphiles aiment à détester cette ère qui offre sans cesse des productions, mais peu d’œuvres qui se gravent dans leur âme.

Retrouver une qualité de vie ensemble, même dans l’ennui, dans l’absence d’action, juste par la présence avec les autres, juste avec des échanges qui ne vont pas forcément changer le monde, mais qui vont nourrir à un tout autre niveau, plus intime, plus simple et plus profond.

Attendre que des écrans, que des messages, que des vidéos, que des podcasts nourrissent ce besoin simple d’être avec les autres, sans pour autant « s’amuser » comme des générations de jeunes ont pu le vivre, et qui, parfois des années plus tard, s’en souviennent avec bienveillance, parce que même sans rien faire, ils étaient ensemble…

Prenez ce qui est juste et bon pour vous.

Be One

Pank

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Reflections from Pank / Snapshot #440: Learning to be Bored Together Again

You have surely seen that 25% of 15-29 year olds could be suffering from a depressive syndrome. The WHO defines depression as « a persistent sadness » or « a lasting loss of the ability to feel interest or pleasure in activities that were previously enjoyed ».

And one of the key reasons is loneliness. This brings us back to the famous hyper-connected society that does not deeply nourish the needs for presence, trust, and exchange, what Eric Berne, in Transactional Analysis, called « strokes ».

Many feel that their social life is unsatisfactory, and it is understandable that in an era where everything is sold in excess, spending hours doing nothing under a bus shelter or at the foot of a building doesn’t look like the dreamy image that is broadcast on social media.

I keep hearing that many people are bored, in a world that offers an infinite amount of entertainment. This is where we can see the importance of quality over quantity. In fact, even the biggest film buffs love to hate this era that constantly offers new productions but few works that are truly etched in their souls.

Finding a quality life together, even in boredom, in the absence of action, just by being present with others, just with exchanges that won’t necessarily change the world but will nourish at a whole different level—more intimate, simpler, and deeper.

Waiting for screens, messages, videos, or podcasts to nourish this simple need to be with others, without necessarily « having fun » as previous generations of young people experienced, and who sometimes, years later, remember those moments with kindness, because even while doing nothing, they were together…

Take what is right and good for you.

Be One

Pank

Réflexions de Pank / Instantané #438 :S’occuper de nos professeurs : un besoin vital

Entre les discours politiques et la réalité sur le terrain, il existe un fossé infranchissable. Quand notre ministre de l’Éducation, M. Borne, affirme que 99 % des postes sont pourvus, tandis que les syndicats évoquent 73 % des équipes incomplètes à la rentrée, il y a de réelles questions à se poser.

Au-delà du manque de professeurs, ou de la présence de certains qui manquent de compétences, recrutés à la va-vite sans formation pédagogique, ce qui est le plus préoccupant est l’état psychologique de ces personnes mises en position de figures de référence pour nos jeunes.

Vous avez sans doute lu qu’à Martigues, un professeur a poignardé un collègue avant la rentrée. Ce dernier aurait potentiellement été un enseignant pour des jeunes qui vivent déjà dans un monde un tantinet anxiogène. L’agresseur a été placé en hôpital psychiatrique, ce qui sous-entend qu’en plus d’avoir du mal à trouver des professeurs, ceux qui sont recrutés peuvent souffrir de troubles mentaux.

Ce n’est pas nouveau. Il suffit de regarder les écoles comme Bétharram et d’autres, où agressions et humiliations ont été tolérées pendant des décennies. J’imagine que si les éducateurs de l’époque avaient l’IUFM, la société n’avait pas encore conscience que, au-delà d’un examen, le facteur psychologique est primordial.

Si l’on admet que, comme dans toute profession, il y a des individus à deux doigts d’exploser, il est aussi essentiel de prendre en compte l’épuisement de ceux qui forment la jeunesse, de ceux qui vivront dans ce futur où nous ne serons plus. Les professeurs étaient respectés pendant longtemps parce qu’ils détenaient le savoir, même si aujourd’hui nous avons ChatGPT. Mais surtout, ils respectés parce qu’ils donnaient aux jeunes la possibilité de grandir dans tous les sens du terme.

Prenons soin de nos enseignants, de leur santé mentale, au lieu de nous moquer d’eux en disant : « Ah, tu te plains avec tes trois mois de vacances ! » La blague est facile, mais la vraie question est : pourquoi personne ne veut-il enseigner ? Et pourquoi ceux qui sont en poste craquent-ils ? Il est vrai que les jeunes peuvent être difficiles, mais le système, au-delà des questions financières, fait de la politique et ne se confronte jamais à la réalité.

Soutenons ceux qui enseignent. Ils donnent des clés en or, même si, comme partout, il y a aussi des incompétents.

Prenez ce qui est juste et bon pour vous.

Be One

Pank

Caring for Our Teachers: A Vital Need

Between political rhetoric and the reality on the ground, there is an unbridgeable gap. When our Minister of Education, Mr. Borne, claims that 99% of positions are filled, while unions report 73% of teams being incomplete at the start of the school year, there are some serious questions to be asked.

Beyond the lack of teachers, or the presence of some who lack skills, recruited hastily without pedagogical training, the most concerning issue is the psychological state of these individuals who are placed in positions of reference figures for our youth.

You have probably read that in Martigues, a teacher stabbed a colleague before the start of the school year. This person would have potentially been a teacher for young people who already live in a somewhat anxiety-inducing world. The aggressor was placed in a psychiatric hospital, which implies that in addition to struggling to find teachers, those who are recruited may suffer from mental health issues.

This is nothing new. One only has to look at schools like Bétharram and others, where aggressions and humiliations were tolerated for decades. I imagine that while the educators of the time had proper training, society was not yet aware that, beyond an exam, the psychological factor is essential.

If we admit that, as in any profession, there are individuals on the verge of a breakdown, it is also crucial to consider the burnout of those who educate our youth, those who will live in a future where we will no longer be. Teachers were respected for a long time because they held knowledge, even if today we have ChatGPT. But above all, they were respected because they gave young people the opportunity to grow in every sense of the word.

Let’s take care of our teachers and their mental health, instead of mocking them with: “Oh, you’re complaining with your three months of vacation!” The joke is easy, but the real question is: why does no one want to teach? And why are those who are in the profession cracking under the pressure? It is true that young people can be difficult, but the system, beyond financial issues, plays politics and never confronts the reality.

Let’s support those who teach. They provide golden keys, even if, like everywhere, there are also incompetent individuals.

Take what is right and good for you.

Be One

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #429 : Les prix dans le BJJ

Je me demande comment il est possible qu’aujourd’hui, nous ayons deux mille participants aux championnats de France ou plus de 6 000 pour les Master à Las Vegas, alors que le coût des compétitions est d’environ 60 € en France et 120 dollars pour l’IBJJF.

Sommes-nous fous ? Je sais que nous aimons nous prendre pour des Américains et dire que la France empêche le professionnalisme à cause de son modèle sportif associatif, et que les Français ne veulent pas payer pour des clubs privés parce qu’ils sont habitués à payer 400 € la saison pour une association.

Oui, ce sont les vestiges d’une dimension sociale du sport. Il est effectivement difficile de gagner de l’argent dans ce domaine, car payer cher pour faire du sport n’est pas dans notre culture. Pour rappel, les modèles sportifs que l’on met en lumière paient en moyenne entre 145 et 175 dollars par mois pour s’entraîner.

Alors oui, payer des fortunes pour faire de la compétition est vraiment abusé. Mais ce que je ne comprends pas, c’est que si les Master peuvent éventuellement investir pour leurs loisirs, comment font les jeunes ? Ce sont pourtant eux qui veulent participer, prouver leur valeur et qui ont la « dalle ». Comment arrivent-ils à payer 60 € par semaine pour certains, ou au moins deux fois par mois ? Comment font-ils pour dépenser 1 200 € sur une saison pour combattre, sans même parler des frais de déplacement et de logement ?

Oui, l’IBJJF et la CFJJB proposent des compétitions de qualité, en mode « premium », mais comment peut-on normaliser une telle dépense dans une période difficile pour de nombreuses personnes ? La compétition n’est pas nécessaire pour s’extraire de son quotidien ; se rendre au dojo et s’entraîner peut suffire.

Pour ma part, j’ai commencé la compétition en sport de combat adolescent et j’ai pu en faire pendant des décennies parce que le prix de l’événement n’était pas une question. Nous payions moins de 10 €. Quand les NAGA et autres sont arrivés, nous ne comprenions pas que de tels prix soient demandés… Et maintenant, c’est devenu la norme… et on ne gagne même pas de ceinture…

Le BJJ pour tous, mais surtout pour ceux qui ont de l’argent…

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

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BJJ Prices: Martial Reflections of a Hypnofighter #429

I wonder how it’s possible that today we have two thousand participants in the French championships or over 6,000 for the Masters in Las Vegas, when the cost of competitions is around €60 in France and $120 for the IBJJF.

Are we crazy? I know we like to act like Americans and say that France prevents professionalism because of its associative sports model, and that the French don’t want to pay for private clubs because they’re used to paying €400 a season for an association.

Yes, these are the remnants of a social dimension of sport. It’s indeed difficult to make money in this field, because paying a lot for sports is not part of our culture. As a reminder, the sports models we highlight pay an average of $145 to $175 per month to train.

So yes, paying a fortune to compete is truly excessive. But what I don’t understand is that while the Masters can possibly invest for their leisure, how do the young people do it? After all, they are the ones who want to participate, prove their worth, and are hungry. How do they manage to pay €60 a week for some, or at least twice a month? How do they afford to spend €1,200 in a season to compete, not to mention travel and accommodation expenses?

Yes, the IBJJF and the CFJJB offer top-notch, « premium » competitions, but how can we normalize such an expense during a difficult time for many people? Competition is not necessary to escape from daily life; going to the dojo and training can be enough.

For my part, I started competing in combat sports as a teenager and was able to do it for decades because the price of the event was not an issue. We paid less than €10. When NAGA and others arrived, we didn’t understand why such prices were being asked… And now it has become the norm… and we don’t even win a belt…

BJJ for all, but especially for those who have money…

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions de Pank / Instantané #158 : Les dégâts prévisibles du Covid

Bien que l’opinion générale sur le Covid m’importe peu, ce qui m’a interpellé durant cette pandémie est l’impact sur la psychologie, en particulier celle des jeunes. Observer les adultes remettre en question leur mariage, leur travail, leur vie familiale ou le sens de leur existence peut être perçu comme une démarche constructive.

Toutefois, les jeunes, en plein développement physique, psychique et émotionnel, ont vu ce processus brutalement interrompu par cette « pause », cette « rupture de pattern ». L’être humain, une entité psycho-biologique et non une machine industrielle, a subi un arrêt de développement. Même l’industrie, qui a également eu du mal à redémarrer, voire à cesser ses activités, n’est pas comparable à ce qu’ont vécu les jeunes. La « génération Covid » connaît un taux de suicide alarmant, signe que quelque chose s’est brisé sans qu’une solution adéquate pour leur bien-être ait été proposée.

Nous avons observé les conséquences sans les anticiper. Certes, une crise semblable n’avait pas été vécue auparavant, mais il incombait aux adultes de prendre conscience des besoins non exprimés des jeunes. Notre passivité face à la psychologie aura des répercussions sur un sujet souvent surexploité par les médias : la santé mentale des futurs adultes.

Durant presque deux ans, enfants et adolescents ont porté des masques, suivi des cours en ligne, limité leurs interactions sociales et surutilisé les écrans, incapables d’exprimer leurs peurs et leur stress. Ceci, parce que leurs environnements, qu’il s’agisse du foyer ou des lieux de vie communautaires (écoles, clubs sportifs, etc.), étaient eux-mêmes submergés par le stress et l’incapacité à gérer le problème systémique, contraints de se conformer à des normes « déshumanisantes ».

Le recours au suicide comme issue met en lumière une défaillance dans notre rôle d’adultes. Bien que je considère notre société comme étant fragile, nous, les adultes, aurions dû trouver des solutions plus appropriées pour éviter de fragiliser davantage, voire de briser, les jeunes générations par notre incompétence…

#covid #réponse #psychologie #suicide #mort #renforcement #solution #fragilité #responsabilité

Ne prenez que ce qui est bon et juste pour vous.

Be one,

Pank

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Pank’s Reflections / Snapshot #158: The Predictable Damages of Covid

Although I care little about the general opinion on Covid, what struck me during this pandemic was its impact on psychology, especially that of the young. Watching adults question their marriage, their work, their family life, or the meaning of their existence can be seen as a constructive process.

However, the young, in the midst of physical, psychological, and emotional development, experienced a sudden halt in this process due to this « pause, » this « pattern disruption. » Humans, psycho-biological entities and not industrial machines, underwent a developmental stop. Even the industry, which also struggled to restart or even had to cease operations, is not comparable to what the young have gone through. The « Covid generation » is experiencing an alarming suicide rate, a sign that something broke without an adequate solution for their well-being being proposed.

We observed the consequences without anticipating them. True, a similar crisis had not been experienced before, but it was the responsibility of adults to be aware of the unexpressed needs of the young. Our passivity towards psychology will have repercussions on a subject often overexploited by the media: the mental health of future adults.

For almost two years, children and adolescents wore masks, attended online classes, limited their social interactions, and overused screens, unable to express their fears and stress. This was because their environments, whether at home or in community living spaces (schools, sports clubs, etc.), were themselves overwhelmed by stress and an inability to manage the systemic problem, forced to comply with « dehumanizing » standards.

The resort to suicide as an outcome highlights a failure in our role as adults. Although I consider our society to be fragile, we, the adults, should have found more appropriate solutions to prevent further weakening or even breaking the young generations due to our incompetence…

#covid #response #psychology #suicide #death #reinforcement #solution #fragility #responsibility

Take only what is good and right for you.

Be one,

Pank