
Avez-vous l’idée du combattant ultime comme un être particulièrement en paix, prêt au combat et à la mort ? Je pense que les films d’arts martiaux et les fantasmes sur les combattants zen d’Asie nous ont donné une idée fausse. Comme pendant la période Tokugawa, les combattants étaient en paix, ils sont facilement associés à la spiritualité du mouvement zen pour trouver, à travers les rigueurs martiales, une voie d’accomplissement.
C’est en grande partie à cause de cette culture que nous pensons que le combat est un chemin de développement de soi. Alors qu’en réalité, un combat, qu’il soit urbain ou sur un champ de bataille, n’est rien d’autre qu’une bagarre avec la possibilité de blessures et de mort. Lorsque vous pratiquez dans la paix, comme nous avons la chance de le vivre dans de nombreuses sociétés occidentales, vous pouvez emprunter le chemin de l' »éveil ».
Cependant, lorsque vous devez vous battre contre l’envahisseur, chercher à survivre et potentiellement éliminer les menaces, la mystique du combattant zen disparaît quelque peu. Bien sûr, nous avons également eu des chevaliers spirituels en Europe, comme les Templiers, mais apparemment, l’agressivité pour combattre les mécréants était loin des paraboles de l’union de son esprit à l’essence de l’univers.
Nous avons donc développé une croyance commune qu’il était préférable d’être zen lors d’un affrontement. Mais sans forcément entrer en mode berserker, la folie, la colère, l’envie de combattre voire de tuer sont certainement bien plus utiles et performantes que cette option de sang-froid. C’est clairement moins glamour et cela donne l’image d’une bête sauvage plutôt que celle d’un combattant de la voie. Cependant, ce côté bestial, sans limite, qui suit ses instincts plutôt que des stratégies, offre un avantage psychique et parfois physique, qui met un temps de retard sur les réactions et l’application du gameplan.
Dans la rue, une personne en colère qui frappe en premier a de fortes chances de mettre fin au conflit en quelques secondes, bien plus qu’un homme qui joue la carte de la zen attitude et de l’apaisement. Une grosse claque ou un coup de tête en mode furie n’est certes pas valable dans le cadre de la légitime défense, mais sans rituels d’agression ou d’escalade de la pression, il peut être difficile de prendre l’avantage.
Certes, il y a des moments où foncer tête baissée sur des opposants n’est pas la meilleure idée ; le nombre, la possibilité d’une arme, les réactions, les qualités athlétiques, tout cela entre en jeu. Dans le cadre de la rue, il est assez rare de voir le plus calme prendre l’avantage, c’est d’ailleurs pourquoi des rituels de coqs sont mis en place. Il y a quelques jours, j’ai vu une vidéo où un individu zen a pu sortir un coup de pied spectaculaire et mettre son adversaire KO. Il a eu la présence d’esprit de ne pas avancer et de reculer, attendant l’autre qui revenait à la charge.
Dans ce cas, il a pu « gagner du temps », ce qui est impossible avec un individu furieux qui t’attaque directement. Maintenant, si nous reprenons nos cadres et contextes actuels, la pratique des sports de combat ne nous amène pas nécessairement au calme, surtout dans le cas des compétiteurs, on entraîne à exploiter les flux d’agressivité à travers les frappes et autres techniques. Cela reste néanmoins un conditionnement de domination plutôt qu’une recherche d’apaisement.
En revanche, si votre chemin vous guide vers une voie peut-être plus orientale, ou si vous avez envie de vous construire psychologiquement autant que physiquement dans les arts martiaux, il y a de nombreux ponts que vous pouvez découvrir et exploiter pour maîtriser l’animal en vous et devenir plus zen.
Et vous, cherchez-vous à apaiser les pulsions de combat ou au contraire à les exacerber ?
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be One.
Pank Hno