Réflexions de Pank / Instantané #258 : Quand la connaissance ne sert à rien

Dans ce post, Pank explore l'idée que la connaissance ne garantit pas le pouvoir. Malgré l'accès illimité aux savoirs, les citoyens restent souvent passifs face aux dérives autoritaires. L'article analyse comment l'histoire se répète et comment la connaissance, bien que disponible, n'a pas toujours d'impact dans la réalité.

Je vous ai déjà partagé l’idée que la connaissance n’est pas un pouvoir en soi. C’est une phrase qui sonne bien dans un discours ou sur un t-shirt engagé, mais nous avons aujourd’hui la preuve concrète, avec l’apparition d’Internet et la disponibilité des savoirs gratuits, que notre intelligence collective (ou QI moyen) n’a pas fondamentalement évolué. Malgré l’accès sans précédent à l’information, nous ne semblons pas mieux armés pour résoudre les problèmes complexes de notre époque. Ce sont encore et toujours une poignée d’intellectuels, recrutés par les entreprises, administrations et autres secteurs, qui découvrent et diffusent de nouvelles idées.

Pire encore, nous avons tous étudié, depuis notre enfance, les grandes périodes troubles de l’histoire nationale et mondiale. Nous avons appris, encore et encore, comment des dictatures se sont formées : des chemises noires de Mussolini aux nazis d’Hitler, en passant par les franquistes, castristes, maoïstes, staliniens, etc.

On nous a montré comment un homme a pu, en 1933, prendre le pouvoir sans une reconnaissance immédiate et écrasante. On nous a prévenus des dangers des extrémistes, car ils présentent toujours un risque de basculement. Et pourtant, nous sommes en juin 2024, en France, dans une République, et nous assistons à la remise en question des décisions populaires.

La démocratie, du moins pour une période de trois mois, semble avoir disparu. Les électeurs de certains partis (comme le NFP ou le RN) n’ont aucun intérêt pour un président qui gouverne seul, sans tenir compte de l’opinion du peuple. Maintenir son gouvernement pour des « affaires courantes » et refuser de nommer le représentant du parti élu par le peuple, sous prétexte d’une absence de majorité parlementaire, met sérieusement en doute la valeur de nos votes.

Nous laissons donc un homme, connu pour ses ambitions de toute-puissance et son désir de marquer l’histoire, diriger notre pays sans que personne ne réagisse vraiment. Ah si, il y aura bien une « marche des mécontents » prévue le 7 septembre, soit trois mois jour pour jour après les résultats du second tour des législatives imposées par ce même président.

C’est l’été, les vacances, les JO… Mais nous avons tout de même un homme au pouvoir, une population passive, qui sait pertinemment comment les dictatures se forment, mais qui regarde sans agir. Comme les Allemands ou les Italiens l’ont fait avant que la situation ne dégénère. Nous avons la connaissance, les faits historiques, mais nous nous rassurons avec des « ce n’est pas pareil », « il n’y a pas d’extrémisme », « il n’y a pas de violence », « la Constitution ne fixe pas de délai pour choisir un Premier ministre ».

Certes, mais en attendant, nous acceptons cette situation, comme nous acceptons l’idée qu’il y aura probablement une autre dissolution de l’Assemblée dans un an pour tenter d’obtenir un « pays gouvernable ». Donc, trois mois de « dictature douce », puis neuf mois avant de potentiellement recommencer, sous prétexte que tout cela se fait pour la Grandeur de la France…

Nous avons la connaissance, mais, comme avec Internet, elle n’a de réalité que dans nos esprits, rarement dans les faits.

politique #démocratie #dictature #rationalisation #connaissance #bêtises #faiblesse #histoire

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be one,

Pank

https://www.pank.one/blog

Reflections by Pank / Snapshot #258: When Knowledge is Useless

I have already shared with you the idea that knowledge is not power in itself. It sounds good in a speech or on a protest t-shirt, but today we have concrete evidence, with the advent of the Internet and the availability of free knowledge, that our collective intelligence (or average IQ) has not fundamentally evolved. Despite unprecedented access to information, we don’t seem any better equipped to solve the complex problems of our time. It is still a small group of intellectuals, hired by companies, administrations, and other sectors, who discover and disseminate new ideas.

Worse, we have all studied, from childhood, the great troubled periods of national and world history. We have learned, over and over again, how dictatorships are formed: from Mussolini’s black shirts to Hitler’s Nazis, through Francoists, Castroists, Maoists, Stalinists, and others.

We have been shown how a man could, in 1933, take power without immediate and overwhelming recognition. We were warned about the dangers of extremists, as they always pose a risk of shifting to authoritarianism. And yet, here we are in June 2024, in France, in a Republic, and we are witnessing the questioning of popular decisions.

Democracy, at least for a period of two months, seems to have disappeared. Voters from certain parties (like the NFP or RN) have no interest in a president who governs alone, without taking into account the opinion of the people. Maintaining his government for « current affairs » and refusing to appoint the representative of the party elected by the people, under the pretext of a lack of a parliamentary majority, seriously calls into question the value of our votes.

So, we allow a man known for his ambitions of absolute power and his desire to mark history to govern our country without anyone really reacting. Oh yes, there will be a « march of the discontented » scheduled for September 7, three months to the day after the results of the second round of the legislative elections imposed by the same president.

It’s summer, vacation time, the Olympics… But we still have a man in power, a passive population, who knows exactly how dictatorships are formed but watches without acting. Just like the Germans or Italians did before things got out of hand. We have knowledge, historical facts, but we reassure ourselves with « it’s not the same, » « there’s no extremism, » « there’s no violence, » « the Constitution does not set a deadline for choosing a Prime Minister. »

Certainly, but in the meantime, we accept this situation, as we accept the idea that in a year, there will likely be another dissolution of the Assembly to try to get a « governable country. » So, three months of « soft dictatorship, » then nine months before potentially starting over, under the pretext that all this is done for the Greatness of France…

We have knowledge, but, just like with the Internet, it only exists in our minds, rarely in reality.

politics #democracy #dictatorship #rationalization #knowledge #nonsense #weakness #history

Take what is good and right for you.

Be one,

Pank

https://www.pank.one/blog

Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #103 : Tout le monde en est capable

Il se peut que vous soyez déjà au courant, mais mon dojo fonctionne comme une dictature où seuls les gradés possèdent des droits. Je le répète souvent : les débutants doivent respecter ceux qui sont plus avancés. Plus nous montons en grade, plus nous obtenons de droits, mais également plus de devoirs nous incombent. Samedi dernier, j’ai souligné que j’attends des ceintures blanches qu’elles soient attentives pendant les randoris, qu’elles observent avec soin et qu’elles « restent discrètes ».

L’un des aspects les plus remarquables des arts martiaux est qu’il s’agit de l’un des rares domaines prenant uniquement en compte le temps investi sur le tatami. C’est un lieu où règne une véritable égalité, bien qu’il existe des différences physiques, de compréhension et même de niveau.

Pourtant, chacun avance à son propre rythme et peut accéder à une ceinture supérieure, jusqu’à atteindre la ceinture noire. En tant qu’instructeurs, notre rôle est de leur fournir les clés pour progresser pas à pas.

Bien sûr, il peut parfois être difficile pour les apprenants d’accepter que les enseignants consacrent plus de temps aux pratiquants plus anciens. Dans le monde du sport, on a tendance à stimuler les jeunes et à laisser les avancés évoluer avec plus d’autonomie. À mon avis, les personnes qui ont investi davantage de temps et de présence sur le tatami méritent davantage d’attention que celles qui viennent d’arriver.

Un gradé a fait des sacrifices, a pris des décisions et s’est organisé depuis plus longtemps; sa persévérance lui confère le « droit » à plus d’attention que ceux qui, dans quelques semaines, pourraient disparaître. Il est clair que se trouver en bas de la pyramide martiale n’est pas spécialement plaisant, mais cela nous enseigne l’humilité et la patience.

Dans un monde où l’on préfère souvent les résultats immédiats et le même niveau d’attention sans avoir à fournir d’effort, la philosophie martiale peut sembler austère et même injuste. Toutefois, elle valide justement l’effort individuel dans le temps pour atteindre les mêmes droits que les autres. Un chemin à parcourir avec le temps.

#ArtsMartiaux #Dictature #Équité #Égalité #Attention #Capacité #Grade #Patience #Pyramide #Enseignement #Mérite #Temps

Ne prenez que ce qui est bon et juste pour vous,
Be One
Pank

Pank PdV #8 : Mon dojo, une dictature

Dans le monde des arts martiaux et des sports de combat, nous pénétrons dans un univers assez différent de notre quotidien. Si vous n’avez jamais mis les pieds dans ces lieux, il y règne une atmosphère (en dehors des odeurs) qui nous fait rapidement comprendre que ce ne sera pas forcément la rigolade. C’est d’autant plus vrai pour les petits néophytes qui souhaitent découvrir le monde du combat. Il y a bien sûr les écoles commerciales qui se préoccupent davantage des clients, puis il y a celles plus « traditionnelles » qui ne semblent pas particulièrement accueillantes.

Je fais plutôt partie de cette dernière tendance. Pour moi, les personnes importantes dans un dojo sont celles qui y sont présentes depuis un certain temps. Pourquoi ? Parce que je sais qu’un de mes gradés est un pratiquant qui a déjà investi des heures et des années de son temps et de son énergie pour venir régulièrement dans cette salle suivre mes enseignements. Ils méritent mon attention, ma confiance et mes efforts bien plus qu’un nouveau venu qui pourrait changer d’académie ou de sport dans un mois.

Peut-être ai-je lu trop de mangas ou pratiqué le karaté en excès, mais en fin de compte, c’est aux nouveaux élèves de faire des efforts en matière d’écoute, de présence et d’implication pour que je m’investisse en retour. Comme je le répète régulièrement, un dojo est une dictature, un lieu complètement hiérarchisé et absolument pas égalitaire ou équitable. Une dictature, avec un professeur tout-puissant (merde, ma thérapie n’a pas encore porté ses fruits), où les ceintures blanches n’ont aucun droit. Oui, aucun, ils doivent suivre ce que leur imposent leurs aînés sur le tatami, ils doivent s’écarter si un gradé est trop proche pendant les combats, accepter les décisions de ces derniers même s’ils ne sont pas d’accord.

Je sais que vu comme ça, ce n’est vraiment pas un lieu d’amour et de jiujitsu/luta pour tous. Si je me réfère aux critères de mon ami Gile de BJJ Eastern Europe, mes cours devraient être à fuir. Pourtant, j’ai des élèves formidables, des personnes sérieuses et impliquées qui savent qu’il n’y a pas de droit ou d’égalité, mais que tout le monde peut, avec du temps et du travail, progresser dans la hiérarchie. Tout le monde peut devenir ceinture bleue, violette, marron et noire. Cela impliquera des droits, mais aussi des responsabilités.

Un dojo n’est pas seulement un lieu pour améliorer nos capacités à se battre ou à affronter des conflits physiques, c’est aussi un moyen de se renforcer et de se préparer aux moments difficiles et douloureux de la vie. Le quotidien n’est pas juste, il est stressant, et nous subissons régulièrement des pressions. La salle de sport apporte la même chose et nous apprend qu’avec de la rigueur, de la constance et une capacité à encaisser, nous pouvons nous en sortir au mieux.

C’est également un lieu de sociabilisation et de connexion. Nous formons une équipe, et si certains élèves font des erreurs, c’est l’ensemble du groupe qui peut corriger ou en payer le prix. Il y a cette notion qui nous oblige à prendre soin des autres, dans tous les sens du terme. Cela implique que les autres se comportent correctement, qu’ils prennent 30 secondes pour boire, qu’ils arrivent à l’heure, qu’ils se taisent pendant les explications, qu’ils mettent suffisamment d’intensité dans les exercices. Il s’agit également d’être un bon partenaire (UKE), de permettre aux autres de progresser, de les protéger des blessures. Sans l’autre, même s’il ne s’agit que d’une ceinture blanche, il n’y aurait pas de progression ni d’avancée.

Nous devons prendre en considération ce partenaire, car si l’ego ou des émotions mal maîtrisées entraînent des blessures, c’est tout le groupe qui en subit les conséquences. Moins nous avons de coéquipiers, moins nous pouvons progresser.

Vivre dans cette dictature est certainement insupportable pour beaucoup, d’autant plus dans une société qui garantit la liberté d’expression à tous. Dans un dojo, la seule expression admise est « OSU », le reste appartient au retour à la vie normale. Une vie qui, jour après jour, nous semble de plus en plus confortable par rapport à ces quelques heures où un seul objectif prévaut : devenir meilleur dans notre quotidien, avec notre technique, notre corps et notre attitude.

Osu

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be one

Pank

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