Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #316 : Le Sabaki Challenge du Enshin Karate

Une analyse du Sabaki Challenge et de l’évolution du karaté Enshin, un style qui combine le Kyokushin et le Judo. Découvrez comment cette discipline redéfinit les compétitions avec des techniques de projection et de percussion uniques.

Vous avez certainement connu comme moi le Sabaki Challenge dans les années 90, mis en place par Ninomiya Kancho, qui a mis en avant un karaté au contact avec une forme qui ne ressemble plus à ce que nous connaissons comme la forme communément acceptée du Kyokushinkai.

Dans les années 90, le Tai Sabaki était très présent (à l’origine du nom de la compétition), en lien avec l’histoire de l’école issue d’un élève direct de feu Ashihara Kancho. Aujourd’hui, le style ou plutôt son mode d’expression en compétition a évolué et donne une forme qui ne ressemble plus au Kyokushin, sans pour autant entrer dans les standards du Kudo.

En observant les compétitions actuelles—vous pouvez visionner les derniers championnats du monde ici : Lien vidéo—on remarque la stratégie autorisée de saisie à un seul bras, associée à des percussions et/ou des projections pour marquer des points.

Cette manière de faire est un mélange entre le Kyokushin et le Judo, avec une présence marquée de techniques comme le Sasae ou le Tai Otoshi pendant les combats. On constate que la notion souvent critiquée dans le Kyokushin actuel, celle de simplement encaisser et de combattre à une distance extrêmement courte, devient inadéquate dès qu’une saisie est autorisée.

Pour rappel, Oyama avait interdit les saisies en plein championnat du monde en 1979, entre les quarts et les demi-finales. Il avait constaté qu’un combattant comme Willy Williams pouvait dominer n’importe quel adversaire avec une saisie efficace.

Le Enshin a réussi à développer une forme unique de karaté qui, parfois, peut être contestée. En effet, cette discipline met souvent moins l’accent sur la frappe et la recherche de combos ou d’ichigeki, et davantage sur la saisie pour projeter ou déséquilibrer l’adversaire avant de le percuter.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

Martial Reflections of a Hypnofighter #316: The Sabaki Challenge of Enshin Karate

You have probably, like me, heard of the Sabaki Challenge in the 1990s, introduced by Ninomiya Kancho. This event showcased a contact karate style that no longer resembled the commonly accepted form of Kyokushinkai.

In the 1990s, Tai Sabaki was prominently featured (hence the competition’s name), linked to the school’s history stemming from a direct student of the late Ashihara Kancho. Today, the style or rather its mode of expression in competition has evolved, resulting in a form that no longer resembles Kyokushin, nor fully aligns with Kudo standards.

When observing current competitions—you can watch the latest world championships here: Video link—one notices the strategy of single-arm grabs combined with strikes and/or throws to score points.

This approach is a mix between Kyokushin and Judo, with a strong presence of techniques such as Sasae or Tai Otoshi during matches. It becomes evident that the often-criticized notion in modern Kyokushin—of merely enduring strikes and fighting at extremely close range—is no longer suitable when grips are allowed.

To recall, Oyama prohibited grabs during the 1979 World Championship, between the quarter and semi-finals. He had observed that a fighter like Willy Williams could dominate any opponent with effective grappling.

Enshin has managed to develop a unique form of karate, which at times can be contested. Indeed, this discipline often places less emphasis on strikes and the search for combos or ichigeki, focusing instead on grabbing to throw or unbalance the opponent before striking.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #224 : Le combat et le mouvement

Qu’est-ce qui vous marque quand vous voyez un bon match de boxe anglaise ou de judo ? La plupart du temps, c’est la mobilité et la subtilité des temps, des déséquilibres ou la capacité à anticiper. Pour ne pas se retrouver sur le chemin de la frappe, pour anticiper la projection ou la clé. Le combat est rarement statique, en mode bloc.

Je vous avais partagé l’idée que les règles IKO de Kyokushin ont fait évoluer ce que nous avions connu pendant des décennies, donnant une forme plus mobile d’un karaté qui ressemblait à deux blocs immobiles se frappant l’un l’autre avec l’état d’esprit de celui qui craquera le premier.

Ce qui est intéressant, comme en Boxe Française ou dans les styles traditionnels chinois ou japonais, ce sont les esquives, les tai sabaki, tout ce qui évite de rester figé. Paradoxalement, dans certains styles de karaté japonais ou de Silat, on travaille avec des postures très basses. On le voit aussi dans les wushu où, entre le nord et le sud, on peut se retrouver avec des postures très basses en mode Mante religieuse (tanglang quan) ou celles du Wing Chun qui sont plutôt hautes.

Il est dit que c’est en fonction des zones géographiques que les combattants ont dû s’adapter. Néanmoins, dans les faits d’affronter et non pas dans les lanka, kata ou tao, il y a très rarement l’utilisation de ces postures et de cette “stabilité” pour remettre en place des positions qui permettent facilement le déplacement.

Le manque de mouvement, de fluidité, et la rigidité sont la “mort” du combattant. Regardez la souplesse de nos vieux sensei en kendo, un style où les affrontements se font à pleine puissance ; nous voyons les très anciens compenser la vitesse des jeunes par la maîtrise des rythmes et un jeu de relâchement-tension qui offre des mouvements d’une justesse extraordinaire.

Le problème que nous avons ou aurons tous est l’âge, qui va pour différentes raisons limiter les mouvements si nous ne cherchons pas à développer et maintenir cette compétence. En jiu-jitsu, j’entends souvent les copains parler de la “force des vieux” : ils prennent le gi et tout se fige. Cela permet de “contrôler” l’explosivité des jeunes et leurs mouvements illimités.

Pourtant, au-delà des nombreuses blessures liées aux milliers de combats de ces pratiquants, plus que de gagner ou plutôt de ne pas perdre un combat face à la nouvelle génération, il est préférable de chercher à rester dans un mouvement… en somme, de rester dans la vie.

Be One,

Pank

http://www.passioncombat.net

Martial Reflections of a Hypnofighter #224: Combat and Movement

What stands out to you when you watch a good boxing or judo match? Most of the time, it’s the mobility and the subtlety of timing, the imbalances, and the ability to anticipate. It’s about not being in the path of a strike, anticipating a throw or a lock. Combat is rarely without movement, never in a static mode.

I had shared with you the idea that the IKO Kyokushin rules evolved what we had known for decades, giving a more mobile form to karate that once looked like two immovable blocks hitting each other with the mindset of « who will crack first. »

However, what’s interesting in styles like French Boxing or traditional Chinese or Japanese styles are the evasions, the tai sabaki, everything that avoids staying static. Paradoxically, in some styles of karate or Silat, there is work with very low postures. We also see this in wushu, where between the north and south, you can find very low postures in Praying Mantis style (tanglang quan) or the higher postures of Wing Chun.

It is said that this is due to geographical zones where fighters had to adapt. However, in actual combat, not in the lanka, kata, or tao, these postures and this « stability » are rarely used to reset positions that can easily allow movement.

Lack of movement, lack of fluidity, and rigidity are the « death » of a fighter. Look at the flexibility of our old sensei in kendo, a style where confrontations are full power; we see the very old ones compensating for the speed of the young by mastering rhythms and a play of relaxation-tension that offers extraordinarily precise movements.

The problem we all have or will have is age, which, for various reasons, will limit movement if we do not seek to develop and maintain this skill. In jiu-jitsu, I often hear friends talk about the « old man’s strength »: they grab your gi, and everything freezes. This allows them to « control » the explosiveness of the young and their unlimited movements.

Yet, beyond the numerous injuries related to the thousands of fights these practitioners have, more than winning or rather not losing a fight against the new generation, it is preferable to seek to stay in movement… in short, to stay alive.

Be One,

Pank

http://www.passioncombat.net