Réflexions martiales d’un Hypnofighter #438 : La légende du maître titanesque

Il y a quelques jours, je discutais avec un ancien pratiquant d’arts martiaux qui n’avait pas obtenu ses ceintures noires dans les différents styles qu’il avait pratiqués, mais qui semblait passionné par le monde du combat. Puis vint le moment, que j’entends sans cesse depuis mon enfance, d’entendre parler de la rencontre avec LE maître.

En l’occurrence, le Kancho de son école était un Okinawaien, et, dans son récit, il s’est à peine retrouvé en face de lui qu’il était déjà par terre, sans n’avoir rien compris. Vous connaissez cette histoire du vieux sensei qu’on ne peut toucher et qui, par un pouvoir (peut-être un conditionnement comme on le voit chez certains pratiquants de « ki » en combat), les projette.

Ce qui est très ennuyeux, c’est que l’excès de niveau attribué à ces anciens fait que nous grandissons avec ce mythe. Pour en avoir vu énormément et avoir échangé avec des très hauts gradés, je n’ai jamais pu percevoir cela, d’autant plus que je continue ma pratique et que mon niveau augmente peut-être légèrement. La seule chose qui pourrait y ressembler, c’est une rencontre avec Sensei Correa du Junomichi quand je devais être ceinture orange de judo : dès mon kumikata (ma saisie), il m’a fait un petit ko-uchi (petit balayage intérieur) et je n’ai rien senti. C’est d’ailleurs une des particularités de cette technique.

Tomiki Sensei, pourtant 6e dan de judo, qui a rencontré Ueshiba, expliquait la même chose que tant de pratiquants avec leurs maîtres. Pourtant, aujourd’hui, à l’heure des vidéos et d’une incroyable accessibilité aux divers pratiquants et professeurs (merci les stages), on se rend compte que l’équation « âge et efficacité » dans le sens de « super pouvoir » reste inscrite dans les livres, mais rarement sur les tatamis.

À moins que le niveau réel des pratiquants qui rencontrent ces sensei ne soit encore qu’un balbutiement. Cependant, cela ne nous empêche en rien de voir la performance, la qualité technique, le timing de certains ou la précision de ces anciens qui sont bluffants, mais qui sont rarement possibles en phase d’opposition non conventionnelle. Merci aux sensei, merci aux histoires qui nous font encore rêver et parfois sourire, c’est aussi grâce à cela que certains sont montés sur les tatamis.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

— 

Martial Reflections of a Hypnofighter #438: The Legend of the Titanic Master

A few days ago, I was chatting with a former martial arts practitioner who hadn’t earned his black belts in the various styles he had practiced, but who seemed passionate about the world of combat. Then came the moment, one I’ve been hearing my whole life, of hearing about the encounter with THE master.

In this instance, the Kancho of his school was an Okinawan, and in his story, he had barely gotten in front of him before he was already on the ground, without having understood a thing. You know this story of the old sensei whom you can’t touch and who, through some power (perhaps a form of conditioning as seen in some « ki » practitioners in combat), projects them.

What’s very annoying is that this exaggerated level attributed to these elders means we grow up with this myth. Having seen many of them and having talked with very high-ranking practitioners, I have never been able to witness this, especially since I continue my practice and my level may be increasing slightly. The only thing that could resemble it was an encounter with Sensei Correa of Junomichi when I must have been an orange belt in judo: from my kumikata (my grip), he performed a small ko-uchi (small inner sweep) on me, and I didn’t feel a thing. This is, by the way, one of the peculiarities of this technique.

Tomiki Sensei, despite being a 6th dan in judo, who met Ueshiba, explained the same thing as so many practitioners with their masters. Yet, today, in the era of videos and incredible accessibility to various practitioners and teachers (thanks to workshops), we realize that the equation of « age and effectiveness » in the sense of a « superpower » remains inscribed in books, but rarely on the tatami.

Unless the actual level of the practitioners who meet these sensei is still in its infancy. However, this doesn’t prevent us from seeing the performance, technical quality, timing, or precision of these elders, which are impressive but rarely possible in a non-conventional opposition phase. Thanks to the sensei, thanks to the stories that still make us dream and sometimes smile; it’s also thanks to this that some of us stepped onto the tatami.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #39 : Non, les arts martiaux ne compensent pas toujours les attributs physiques.

Hier, lors de cours de Luta Livre et de Luta Combat, nous avons discuté des possibilités et des limites de nos sports de combat. En Jiu-Jitsu brésilien (BJJ), il existe une croyance courante selon laquelle les pratiquants plus légers peuvent vaincre des adversaires plus lourds grâce à la technique qui compense les attributs physiques. J’aime cette idée, mais des années de pratique m’ont montré qu’une ceinture blanche solide avec deux années d’entraînement peut gâcher un combat pour un pratiquant de grade supérieur, beaucoup plus léger. Parfois, ce qui favorise la progression du dit affrontement est une capacité physique telle qu’une grande flexibilité ou une endurance illimitée, ce qui permet de trouver une échappatoire.

Cependant, combien de fois ai-je vu des combattants succomber à la force brute ? Rappelons-nous que les arts martiaux amplifient nos capacités. Ils agissent comme des leviers. Les techniques nous permettent d’optimiser ce que nous avons en nous. Si nous avons de la force dans le haut du corps, nous apprendrons à utiliser au mieux les saisies ou les frappes. Si nous sommes minces et souples, nous comprendrons comment enrouler, insérer et exploiter les angles qui nous avantagent naturellement.

Cependant, même s’il s’agit d’un amplificateur, il y a des limites. Si le BJJ multiplie les capacités par 10 et que nous avons un niveau naturel de 5, nous aurons un indice de 50. Mais si notre adversaire a une aptitude naturelle de 30 et que le BJJ double ses capacités à son niveau, il nous dépassera, malgré notre supériorité technique.
Nous savons que même les pratiquants plus petits peuvent être extrêmement puissants. Je me souviens d’avoir été surpassé par une ceinture marron de l’équipe GF pesant 70 kilogrammes. Physiquement parlant, le gars était plus fort que moi . Avec l’importance accordée à la préparation physique chez de nombreux compétiteurs, et même avec des athlètes incroyablement souples comme les frères Miyao, qui ont recours à des substances dopantes, il est évident que le corps et la condition physique jouent un rôle important.

Grâce à la technique, nous pouvons compenser voire surpasser ceux qui sont physiquement plus forts, plus grands ou plus lourds que nous, mais seulement jusqu’à une certaine limite. Lorsqu’on nous demande si une technique fonctionne sur tout le monde, la réponse est bien sûr que non. Il n’y a pas de technique universelle.
Nous devons tenir compte des aptitudes physiques et mentales de nos élèves pour les aider à optimiser ce qu’ils possèdent et où ils peuvent exceller dans leur pratique. Mais tout comme une personne grande, puissante, souple et explosive a naturellement un avantage dans son apprentissage, une personne petite et peu flexible rencontrera davantage de difficultés à mettre en place son jeu.

Cela s’applique également aux arts martiaux de frappe. Nous n’avons pas tous la même résistance aux coups, le même menton ou le même impact dans nos frappes. Certains individus, dès le début de la boxe, peuvent presque vous briser la mâchoire avec un simple jab, tandis que d’autres, peu importe leur entraînement ou leur précision, ne parviendront que rarement, voire jamais, à réaliser un knockout, même s’ils sont exceptionnels d’un point de vue stylistique.

Avec l’idée actuelle que les arts martiaux sont accessibles à tous et leur popularité croissante, nous avons tendance à oublier que de nombreux systèmes de combat ont été développés pour déterminer qui était le plus fort (en dehors de leur application sur les champs de bataille). Cela devient rapidement élitiste et même si nous entretenons toujours le mystère autour des maîtres qui prétendent que des individus frêles sont devenus de puissants combattants, il convient de noter que Funakoshi (fondateur du Shotokan) ne semblait pas s’en sortir face à Motobu, beaucoup plus fort et agressif que lui. De même pour Ueshiba, il est important de rappeler que lors de certaines périodes de sa vie d’artiste martial, bien qu’il mesurait 1,59 mètre, il pouvait peser jusqu’à 80 kilogrammes, un poids conséquent.

Bien sûr, nous serons toujours témoins de performances remarquables, comme lorsque nous voyons certains champions absolus en BJJ. Cependant, statistiquement parlant, les pratiquants plus petits remportent rarement les catégories toutes catégories. Parfois, la technique doit être tellement supérieure à celle de l’adversaire que de nombreux pratiquants n’atteignent pas ce niveau de compétence pour compenser le différentiel physique.

Pensez-vous que les arts martiaux permettent à leurs pratiquants de vaincre tous types d’adversaires ?

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous. Be one
Pank

#racalutabjj #asile #jiujitsu #bjj #blackbelt #lutalivre #nopainhappiness #whitebeltitude #mma #karate