
Livre Anatomie d’une prédation de Alice Augustin et Cécile Ollivier / Page 157
Autrices : « C’est une méthode conversationnelle qui n’a rien à voir avec l’hypnose de music-hall », explique le chercheur. Il s’agit, dans un cadre thérapeutique, d’une coopération active entre l’hypnotiseur et le patient. Elle n’est pas du ressort de la manipulation et ne modifie pas l’état de conscience. Cette technique ne peut pas transformer quelqu’un en pantin ni déconnecter la volonté des gens.
La méthode ericksonienne, qui est prise en référence par le chercheur, est issue de l’hypnose classique. Je rappelle ce que partageait souvent Brent Geary, du Milton Erickson Institute de Phoenix, collègue du « descendant » Jeff Zeig. Erickson a pratiqué 50 ans l’hypnose directive avant de mettre en place une hypnose plus subtile et moins confrontante. Dire que l’hypnose ericksonienne ne fonctionne que dans le cadre du cabinet, c’est oublier l’hypnose conversationnelle qui s’est développée notamment au travers de la PNL dans les entreprises et le commerce pour améliorer les ventes et le management.
De plus, la coopération, que les Américains aiment nommer « compliance », peut se structurer dans des cadres autres que ceux d’un cabinet. Pour reprendre ce que je viens de dire, cela se vérifie dans un deal commercial, dans une négociation de poste et, par extension, dans tous les rapports de communication que nous mettons en place. Ce qui est souvent remarqué de la part de M. Miller, qui était un homme généreux, qui prenait l’initiative et qui savait écouter. N’avez-vous pas l’impression que le levier de la gentillesse et de l’attention ne favorise pas une coopération et une « alliance », que l’on nommera rapport en hypnose ericksonienne ?
L’hypnose ericksonienne ne modifie pas l’état de conscience. Il faudra donc oublier tous les articles de M. Erickson sur la recherche de transes profondes ou les vidéos de sessions de plusieurs heures pour qu’au travers d’une stratégie indirecte il arrive à mettre en transe une participante de son « séminaire ». En taquin elmanien que je suis, cet expert ne fait que répéter ce que nous aimons dire : les ericksoniens ne savent pas faire d’hypnose. Mais là, on n’est plus dans la taquinerie. L’hypnose ericksonienne cherche des transes, qu’ils nomment des états modifiés de conscience, avec une maîtrise sémantique et prosodique de l’échange…
Une transe profonde (somnambulique), qu’elle soit issue d’une stratégie directe, indirecte ou directive, reste un état qui, pour beaucoup, les déconnecte. Reprenons la définition de 2014 de la division 30 de l’American Psychological Association qui décrit l’hypnose comme « un état de conscience impliquant une attention focalisée et une conscience périphérique réduite, caractérisé par une capacité accrue de réponse à la suggestion ».
Cette hyperfocalisation fait déconnecter des éléments externes autres que ce que l’opérateur propose. C’est pour cette raison que nous pouvons faire de l’hypnose de rue dans un endroit bondé de monde ou dans un bar avec de la musique et des personnes qui parlent fort. Si clairement la grande majorité des personnes ne deviennent pas des pantins, les personnes les plus suggestibles, elles, peuvent le devenir. Et là encore, la scène, mais plus encore la rue, nous le prouve. Avec quelques minutes de pre-talk (donc bien loin des heures d’échanges voire de harcèlement de M. Miller), certaines personnes se déconnectent devant des dizaines de personnes dès l’induction…
Pour discuter de tout cela, live sur Youtube et Twitch : https://www.youtube.com/watch?v=z1HW6ux27_Y
Ne prenez que ce qui est bon et juste pour Vous,
Be One
Pank