Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #224 : Le combat et le mouvement

Qu’est-ce qui vous marque quand vous voyez un bon match de boxe anglaise ou de judo ? La plupart du temps, c’est la mobilité et la subtilité des temps, des déséquilibres ou la capacité à anticiper. Pour ne pas se retrouver sur le chemin de la frappe, pour anticiper la projection ou la clé. Le combat est rarement statique, en mode bloc.

Je vous avais partagé l’idée que les règles IKO de Kyokushin ont fait évoluer ce que nous avions connu pendant des décennies, donnant une forme plus mobile d’un karaté qui ressemblait à deux blocs immobiles se frappant l’un l’autre avec l’état d’esprit de celui qui craquera le premier.

Ce qui est intéressant, comme en Boxe Française ou dans les styles traditionnels chinois ou japonais, ce sont les esquives, les tai sabaki, tout ce qui évite de rester figé. Paradoxalement, dans certains styles de karaté japonais ou de Silat, on travaille avec des postures très basses. On le voit aussi dans les wushu où, entre le nord et le sud, on peut se retrouver avec des postures très basses en mode Mante religieuse (tanglang quan) ou celles du Wing Chun qui sont plutôt hautes.

Il est dit que c’est en fonction des zones géographiques que les combattants ont dû s’adapter. Néanmoins, dans les faits d’affronter et non pas dans les lanka, kata ou tao, il y a très rarement l’utilisation de ces postures et de cette “stabilité” pour remettre en place des positions qui permettent facilement le déplacement.

Le manque de mouvement, de fluidité, et la rigidité sont la “mort” du combattant. Regardez la souplesse de nos vieux sensei en kendo, un style où les affrontements se font à pleine puissance ; nous voyons les très anciens compenser la vitesse des jeunes par la maîtrise des rythmes et un jeu de relâchement-tension qui offre des mouvements d’une justesse extraordinaire.

Le problème que nous avons ou aurons tous est l’âge, qui va pour différentes raisons limiter les mouvements si nous ne cherchons pas à développer et maintenir cette compétence. En jiu-jitsu, j’entends souvent les copains parler de la “force des vieux” : ils prennent le gi et tout se fige. Cela permet de “contrôler” l’explosivité des jeunes et leurs mouvements illimités.

Pourtant, au-delà des nombreuses blessures liées aux milliers de combats de ces pratiquants, plus que de gagner ou plutôt de ne pas perdre un combat face à la nouvelle génération, il est préférable de chercher à rester dans un mouvement… en somme, de rester dans la vie.

Be One,

Pank

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Martial Reflections of a Hypnofighter #224: Combat and Movement

What stands out to you when you watch a good boxing or judo match? Most of the time, it’s the mobility and the subtlety of timing, the imbalances, and the ability to anticipate. It’s about not being in the path of a strike, anticipating a throw or a lock. Combat is rarely without movement, never in a static mode.

I had shared with you the idea that the IKO Kyokushin rules evolved what we had known for decades, giving a more mobile form to karate that once looked like two immovable blocks hitting each other with the mindset of « who will crack first. »

However, what’s interesting in styles like French Boxing or traditional Chinese or Japanese styles are the evasions, the tai sabaki, everything that avoids staying static. Paradoxically, in some styles of karate or Silat, there is work with very low postures. We also see this in wushu, where between the north and south, you can find very low postures in Praying Mantis style (tanglang quan) or the higher postures of Wing Chun.

It is said that this is due to geographical zones where fighters had to adapt. However, in actual combat, not in the lanka, kata, or tao, these postures and this « stability » are rarely used to reset positions that can easily allow movement.

Lack of movement, lack of fluidity, and rigidity are the « death » of a fighter. Look at the flexibility of our old sensei in kendo, a style where confrontations are full power; we see the very old ones compensating for the speed of the young by mastering rhythms and a play of relaxation-tension that offers extraordinarily precise movements.

The problem we all have or will have is age, which, for various reasons, will limit movement if we do not seek to develop and maintain this skill. In jiu-jitsu, I often hear friends talk about the « old man’s strength »: they grab your gi, and everything freezes. This allows them to « control » the explosiveness of the young and their unlimited movements.

Yet, beyond the numerous injuries related to the thousands of fights these practitioners have, more than winning or rather not losing a fight against the new generation, it is preferable to seek to stay in movement… in short, to stay alive.

Be One,

Pank

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Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #219 : Le Karaté Okinawaïen, un style de grappling ?

Je fais une différence entre le karaté japonais et celui d’Okinawa. Que ce soit pendant des stages ou grâce aux vidéos, je trouve que la facette assez typique des Ryūkyū est l’aspect self-défense. Quand je regarde les bunkai ou les ippon kumite, il y a certes des frappes que nous connaissons bien, mais également une très grande majorité de saisies.

Que ce soit en Uechi, en Goju, en Shorin ou autre, il y a des prises de bras, de doigts, voire une recherche de grip pour projeter. Il est vrai que si vous avez déjà vécu des affrontements de rue, les saisies se font rapidement. Il est donc normal que les pratiques incluent ces situations.

Cependant, ce qui m’étonne de plus en plus, même chez des hauts gradés, c’est de voir à quel point, bien que les notions soient un mélange de trapping et de grappling, elles sont très rarement maîtrisées. Je sais que cela peut paraître étonnant, mais j’ai l’impression qu’il manque dans le karaté les principes de kuzushi.

Il est certain que percuter après une saisie va modifier le centre de gravité et l’équilibre de l’opposant, mais pour projeter ou exploiter au mieux vers une clé, on va utiliser une quantité de force pour un minimum d’efficacité. Comme le montrent le judo et la lutte, le travail d’exploitation des déséquilibres et des temps que cela offre est très difficile à mettre en place.

Pourquoi le karaté d’Okinawa, qui utilise tellement les saisies et les amenées au sol, n’a-t-il pas développé un système technique plus qualitatif dans ces différents aspects ? Est-ce parce qu’il y a trop de travail en solo (depuis Itosu), de kihon et de kata, plutôt que des travaux à deux dans lesquels les phases de mouvements offrent une meilleure compréhension de soi dans une opposition et des réactions de l’autre ?

Si la notion de percussion permettant des projections ou des amenées au sol était fonctionnelle, on aurait un taux de takedown plus important en MMA, où la plupart ont quand même un background de lutte. De même, penser qu’une saisie suivie d’une percussion pourrait mettre KO est assez illusoire, sinon chaque fois qu’on saisit un bras, comme en Muay Thaï (avec de petits gants), nous devrions avoir une grosse statistique de KO, ce qui n’est pas une réalité.

J’adore le karaté et je pense qu’un sensei ayant une expérience et une compréhension du judo, de la lutte ou même de l’aïkido peut vraiment offrir à ses élèves une logique effective des fondamentaux du karaté.

#karate #judo #lutte #frappe #déséquilibre #kuzushi #karateokinawa

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

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Martial Reflections of a Hypnofighter #219: Okinawan Karate, a Grappling Style?

I make a distinction between Japanese karate and Okinawan karate. Whether during training camps or through videos, I find that a typical aspect of the Ryūkyū style is its emphasis on self-defense. When I look at bunkai or ippon kumite, there are indeed strikes that we are familiar with, but also a very large majority of grappling techniques.

Whether in Uechi, Goju, Shorin, or others, there are arm holds, finger holds, and even grips intended for throwing. It is true that if you have ever experienced street fights, grappling happens quickly. It is therefore normal that these practices include such situations.

However, what increasingly surprises me, even among high-ranking practitioners, is seeing how, although the concepts are a mix of trapping and grappling, they are very rarely mastered. I know this may seem surprising, but I feel that karate lacks the principles of kuzushi.

It is certain that striking after a grapple will modify the opponent’s center of gravity and balance, but to throw or effectively exploit towards a lock, a significant amount of force is used for minimal efficiency. As shown in judo and wrestling, the work of exploiting imbalances and the opportunities they offer is very difficult to implement.

Why has Okinawan karate, which uses grappling and takedowns so much, not developed a more qualitative technical system in these aspects? Is it because there is too much solo work (since Itosu), kihon, and kata, rather than two-person drills where the phases of movement offer a better understanding of oneself in an opposition and the reactions of the other?

If the notion of striking allowing for throws or takedowns were functional, we would see a higher takedown rate in MMA, where most practitioners still have a wrestling background. Similarly, thinking that a grapple followed by a strike could knock out an opponent is quite illusory; otherwise, every time we grapple an arm, like in Muay Thai (with small gloves), we should see a high KO statistic, which is not the reality.

I love karate and I think a sensei with experience and understanding of judo, wrestling, or even aikido can really offer their students an effective logic of karate fundamentals.

#karate #judo #wrestling #striking #imbalance #kuzushi #okinawankarate

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

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