Ne nous leurrons pas, les arts martiaux peuvent très facilement dévier vers des comportements assez sombres. Entre les sensei qui imposent des conditions insupportables aux élèves au nom de la tradition, les sorties ou retraites qui deviennent des moments de conntrôle physique et psychologique, les cultes de la personnalité et le besoin constant d’exercer une domination sur les apprenants, il y a de quoi s’inquiéter.
Combien de professeurs dans divers styles, en plus de leur mystique, se considèrent comme détenteurs d’un savoir unique et absolu, se permettant des humiliations constantes pour rendre les futurs bras droits ou instructeurs de leur ryu plus dociles ?
Cela s’applique également à nos arts martiaux modernes. Il est malheureusement assez récurrent d’entendre parler de professeurs d’académies qui imposent des relations sexuelles avec de très jeunes femmes, fascinées par la figure d’autorité qu’ils représentent.
Les légendes n’aident en rien. Combien de pratiquants sont perçus différemment lorsqu’ils ont eu l’occasion de s’entraîner avec le fondateur ? Comme si leur propre niveau était lié à la personne qui a créé l’école. Pourtant, dans les faits, cela n’a pas grand-chose à voir. De nombreux jiujitsukas sont d’excellents professeurs et combattants, sans avoir jamais approché de près ou de loin un membre de la famille Gracie.
Si l’on se limite aux Gracie, Rickson explique clairement que son père et son oncle ont créé une sorte de secte de combattants pour satisfaire l’ego démesuré d’Hélio. Parfois, je ris avec mes amis du Kyokushin parce que le fonctionnement y est très sectaire. On n’a jamais le droit de dire quoi que ce soit, à part « OSU ». On passe son temps à tout valider, même lorsque l’on n’est pas d’accord.
Comme dans le domaine de l’hypnose et des disciplines complémentaires, il est facile de succomber à cette sensation de « puissance ». Comme Kara l’a récemment mentionné dans un commentaire, beaucoup de pratiquants cherchent plus ou moins consciemment une figure parentale. Cela permet aux professeurs, qui ont besoin de reconnaissance et de pouvoir, de prendre une place qui leur est déjà attribuée par le groupe.
C’est encore plus flagrant avec les maîtres du Chi. Ils ont toute une armée de disciples prêts à démontrer la puissance de la technique et la maîtrise absolue de l’énergie en étant des cobayes totalement conditionnés. Si en plus, il y a une forme d’orientalisme avec les notions de senpai, sensei, hanshi, les élèves deviennent de véritables serviteurs à disposition. Tout doit être fait pour le confort du maître, qui est souvent déconnecté de la réalité, même si son niveau n’est pas vraiment extraordinaire.
Le respect pour les plus anciens ne doit pas devenir un moyen de prendre le contrôle sur des personnes qui les admirent pour leur ceinture ou leur statut. Les pratiquants sont des êtres humains et les valeurs officielles des écoles sont rarement appliquées. L’étiquette martiale est un mythe, il suffit de voir à quel point les professeurs se laissent aller à l’alcool pendant les stages ou les soirées de fin de stage, comment ils cherchent à séduire les pratiquantes pour obtenir plus que de simples sourires respectueux. On oublie vite le contrôle de soi et la maîtrise de soi, ne laissant que les instincts les plus primaires prendre le dessus.
Lorsque vous rejoignez une académie, essayez de maintenir un esprit critique autant que possible, même si cela peut être difficile, car nous projetons beaucoup et sommes en attente. C’est d’autant plus vrai lorsque le professeur est une légende ou que vous êtes fasciné par lui. Il est très facile de se retrouver sous l’emprise d’une simple passion et du désir de donner le meilleur de soi-même.
Et vous, avez-vous déjà rencontré des gourous dans les arts martiaux ?
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank
