Réflexions de Pank – Instantané #230 : Attention à nos mots

Pour revenir à ce que je partageais sur la sémantique tiroir que nous utilisons sans cesse dans le monde médiatique et politique (https://pank.podia.com/blog/quand-les-patterns-sinscrivent-dans-la-politique), je pense que nous devons réfléchir sur le mot « Nazi ». J’ai l’impression que nous l’utilisons comme un mot déclencheur, qui ne correspond plus à la réalité des faits actuels.

Nous savons que le National-Socialisme de Hitler et les conjonctures économiques et sociales de l’époque n’étaient pas celles de notre société du 21e siècle hyperconnectée. L’antisémitisme n’est pas l’islamophobie. Le nazisme, le racisme, la xénophobie ou le patriotisme ne sont pas la même chose. Quand je vois que même des éditoriaux ou des experts utilisent ces mots sans distinction, cela me choque.

Que ce soit des politiques qui utilisent ces mots pour discréditer leurs adversaires sans les définir, en misant sur le fait que ces termes déclenchent des réactions de résistance, de peur et de rejet chez les auditeurs et potentiels électeurs.

Non, notre extrême droite actuelle n’est pas celle des SS, non, notre extrême gauche n’est pas celle de la révolution culturelle. Faire des raccourcis pour jouer sur les émotions et les peurs n’honore pas les intellectuels de notre pays.

L’erreur en sur-exploitant des mots qui ont une histoire, c’est qu’aujourd’hui, même dans les pires scénarios, la situation ne sera plus celle du 20e siècle. Regardons les faits : la Chine communiste actuelle n’est pas la Chine de Mao. Quand Bolsonaro ou Trump gagnent des élections, ils redonnent le pouvoir à un Lula ou un Biden, malgré des mouvements comme l’attaque du Capitole.

Nous ne pouvons pas offrir une réflexion constructive si nous créons une sorte de novlangue avec des mots qui ont perdu leur sens initial. En confondant les termes, en utilisant des références qui ne correspondent pas aux faits, en exploitant les mots tiroirs (comme « racaille ») ou les mots déclencheurs, nous permettons aux extrémistes de passer à l’action, aux moins intéressés de réagir émotionnellement, et aux « confus » de se laisser influencer par les médias (sociaux ou autres) qui les manipulent.

Si nous faisions redéfinir et cadrer tous les chroniqueurs et politiques sur les mots qu’ils utilisent, si ces derniers arrêtaient les critiques ad hominem, peut-être que chacun pourrait proposer ses idées, et nous pourrions alors voir le vide et le manque de sens du vocabulaire politique, qui ne sert qu’à faire du buzz pour cultiver des votes.

#mots #verbes #rhétorique #sémantique #politique #déclencheurs #émotion #manipulation #vide

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be one,

Pank

Reflections of Pank / Snapshot #230: Watch Your Words

To revisit what I shared about the semantic drawer we constantly use in the media and political world (https://pank.podia.com/blog/quand-les-patterns-sinscrivent-dans-la-politique), I think we need to reflect on the word « Nazi ». I feel that we use it as a trigger word, which no longer corresponds to the current reality.

We know that Hitler’s National Socialism and the economic and social circumstances of that time were not those of our hyperconnected 21st-century society. Anti-Semitism is not Islamophobia. Nazism, racism, xenophobia, or patriotism are not the same things. When I see even editorials or experts using these words interchangeably, it shocks me.

Whether it’s politicians using these words to discredit their opponents without defining them, relying on the fact that these terms trigger reactions of resistance, fear, and rejection in the minds of listeners and potential voters.

No, our current far-right is not the SS, and no, our far-left is not the Cultural Revolution. Making shortcuts to play on emotions and fears does not honor the intellectuals of our country.

The error in over-exploiting words that have a history is that today, even in the worst scenarios, the situation will not be the same as in the 20th century. Let’s look at the facts: the current communist China is not Mao’s China. When Bolsonaro or Trump win elections, they hand power back to a Lula or a Biden, despite movements like the Capitol attack.

We cannot offer constructive reflection if we create a sort of Newspeak with words that have lost their original meaning. By confusing terms, using references that do not correspond to the facts, and exploiting drawer words (like « racaille ») or trigger words, we allow extremists to take action, the less interested to react emotionally, and the « confused » to be influenced by media (social or otherwise) that guide them.

If we made all commentators and politicians redefine and frame the words they use, if they stopped ad hominem critiques, maybe everyone could propose their ideas, and we could then see the emptiness and lack of meaning in the political vocabulary, which only serves to create buzz and cultivate votes.

#words #verbs #rhetoric #semantics #politics #triggers #emotion #manipulation #emptiness

Take what is good and right for you.

Be one,

Pank