La blessure de l’injustice est fréquente chez de nombreuses personnes, et malheureusement, l’injustice est une réalité indéniable. Que ce soit dans le monde du travail, personnel ou civil, il peut y avoir des situations plus ou moins injustes qui déclenchent des réactions difficiles à gérer.
Hier, nous avons assisté à un cas où un policier a tiré sur un jeune. Les médias et les politiciens exploitent souvent de tels événements pour promouvoir leur narration et semer des idées dans l’esprit des gens. Au-delà de ce jeu de pouvoir et d’influence, il y a un déclencheur de réactance. Brehm (1966) l’a défini comme une réaction défensive lorsque notre liberté, nos choix ou notre autonomie sont menacés. En d’autres termes, lorsque nous avons l’impression que nos options ou notre liberté sont restreintes, une énergie se forme pour retrouver cette liberté (Brehm, J.W. (1966). A Theory of Psychological Reactance. New York: Academic Press.)
Les quartiers et les personnes qui se soulèvent aujourd’hui peuvent être critiqués et jugés pour les comportements irresponsables et violents qui affectent des citoyens qui ne ressentent pas ce besoin de rétablir un « équilibre ». Néanmoins, ces réactions sont totalement cohérentes d’un point de vue psychologique.
Nous réagissons tous avec de la réactance face à des sujets et des libertés qui nous sont propres. Tyler, T.R., & Lind, E.A. (1992). ont montré que notre relation avec l’autorité et notre sensibilité envers certaines figures d’autorité peuvent influencer la réactance en cas de sentiment d’injustice. Il suffit de voir comment nous pouvons réagir lorsque nous sommes arrêtés par un agent de police pour une infraction routière, même si nous sommes en tort, comme un excès de vitesse, un dépassement de file ou un mauvais
stationnement. Nous pouvons rapidement monter en colère, car le policier devient une projection de toute la notion d’oppression et de diminution de notre liberté naturelle que nous considérons comme étant « nôtre ».
Il est donc facilement compréhensible que les jeunes ressentent cela, en plus de la propagation des émotions et des actes d’autres groupes. Revenons à la vidéo de ce matin, avec le concept des « 6 degrés de séparation », il est possible que nous connaissions tous de près ou de loin un proche de Nahel. Cette sensation de proximité, combinée à la projection en miroir (jeune, issu d’un quartier, peut-être impliqué dans de petites infractions), facilite l’identification.
Dans une autre étude, Jetten, J., Haslam, C., & Barlow, F.K. (2017), il a été démontré qu’il est assez facile d’engager un groupe dans une réactance collective lorsqu’il y a un sentiment d’injustice. L’engagement social est également valorisant sur le plan émotionnel (Chen, Y., Feeley, T.H., & Feng, C. (2017). Il y a certes une colère exprimée, mais aussi des messages sociaux mis en avant, plus ou moins intentionnellement par les acteurs.
Ces événements mettent en lumière un phénomène social que nous connaissons dans différents secteurs de la société. Ils attirent l’attention sur des questions liées à la police, mais aussi aux zones de violence, etc. La réactance collective, comme nous l’avons vu lors de la réforme des retraites, est une expression saine de l’humain. Cependant, étant donné que nous ne sommes pas tous affectés émotionnellement de la même manière, cela peut également créer une nouvelle réactance chez d’autres groupes. Les incendies et les destructions enlèvent la liberté et l’autonomie à ceux qui perdent le sommeil et peut-être des biens. Cette superposition de réactances peut soit trouver un ennemi commun, soit diviser les uns contre les autres, entraînant une intolérance croissante.
Il est également important de comprendre les processus impliqués lors des échanges et des débats, car ils peuvent être intégrés intellectuellement, mais ne pas être pleinement intégré sur le plan émotionnel. Cela peut entraîner une sorte de refoulement qui peut potentiellement faire basculer certaines personnes d’une opinion modérée vers des mots ou des actes extrémistes. Il est donc essentiel de prêter attention aux propos et aux réflexions des autres pendant ces périodes de tension, afin de ne pas se laisser influencer involontairement par les personnes qui nous entourent.
Sources :
• Brehm, J.W. (1966). A Theory of Psychological Reactance. New York: Academic Press.
• Tyler, T.R., & Lind, E.A. (1992). A relational model of authority in groups. Advances in Experimental Social Psychology, 25, 115-191.
• Jetten, J., Haslam, C., & Barlow, F.K. (2017). Bringing back the system: One group’s struggle with injustice stimulates commitment to collective action. British Journal of Social Psychology, 56(3), 544-558.
• Chen, Y., Feeley, T.H., & Feng, C. (2017). Social Engagement and Emotional Well-being: Longitudinal Findings from a National Study. Journal of Happiness Studies, 18(6), 1663-1680.
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be One
Pank
