Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #396 : L’Histoire vs les Histoires

Une exploration critique des récits et des mythes dans les arts martiaux, en comparant les histoires populaires avec les faits historiques vérifiables. L'article examine comment les figures dominantes et les récits sensationnalistes peuvent obscurcir la véritable histoire et l'importance de certains personnages et événements.

Dans les arts martiaux, nous avons un paquet d’histoires sur les écoles, les professeurs, les combats officiellement incroyables. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que ces histoires aient traversé les siècles. Combien de récits nous a partagés Karate Bushido qui ont pu être vus en vidéo quelques décennies plus tard, et ce qui avait été décrit comme un combat titanesque manquait de technique ou d’impact.

Le pire, c’est la possibilité, ou plutôt le pouvoir, des paraboles et des faits officiellement réels qui lave le cerveau des pratiquants. Combien de personnes racontent des choses folles sur O Sensei, sans parler de sa technique, mais de l’homme éveillé qu’il était ? Puis on a d’autres sources, qui changent et montrent qu’il pouvait être jaloux de certains de ses instructeurs…

Dans le Jiu-Jitsu, nous avons eu un méga « brainwashing », entre l’UFC, Royce et la mythologie de Rickson. Nous avons oublié que les Gracie n’étaient pas les seuls élèves de Maeda. Luis Franca, par exemple, a créé un autre courant de Jiu-Jitsu.

Nous avons eu une focalisation sur Hélio et Carlos comme étant ceux qui ont tout changé, alors que Carlson, l’un des plus grands combattants de la famille, mais aussi l’un des premiers (il y avait George avant lui) qui a quitté l’influence de la Gracie Academy pour réellement devenir celui qui aura le plus impacté l’art souple à partir de 1964.

Mais l’histoire est souvent complètement étouffée par les drames, les buzz qui ont été partagés par les journaux ou les élèves fascinés. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir la possibilité d’avoir de plus en plus d’accès aux bibliothèques et archives des différents pays, avec la possibilité de traduire des textes qui souvent ne confirment pas ce qui a été dit.

L’un des plus grands exemples est le maître Mas Oyama qui, outre l’influence qu’il avait et qu’il utilisait dans les médias pour vendre son école, c’est grâce à ses anciens élèves comme Nakamura ou les frères Oyama qui avec le temps ont partagé des faits, plus que des effets marketing.

Il n’y a pas de mal à vendre du rêve, à motiver l’envie de rentrer dans des dojos, d’ailleurs les démos servent à ça, mais l’histoire, qui est écrite par les dominants parfois, devrait être étudiée pour savoir si on ne passe pas à côté de personnages ou d’actions importantes pour comprendre pourquoi nous en sommes là aujourd’hui.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

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Martial Reflections of an Hypnofighter #396: History vs. Stories

In martial arts, we have a lot of stories about schools, teachers, and officially incredible fights. It is not even necessary for these stories to have spanned centuries. How many stories has Karate Bushido shared with us that could be seen on video a few decades later, and what had been described as a titanic fight lacked technique or impact.

The worst part is the possibility, or rather the power, of parables and officially real facts that brainwash practitioners. How many people tell crazy things about O Sensei, not about his technique, but about the enlightened man he was? Then we have other sources, which change and show that he could be jealous of some of his instructors…

In Jiu-Jitsu, we had a mega « brainwashing » between the UFC, Royce, and the mythology of Rickson. We forgot that the Gracies were not Maeda’s only students. Luis Franca, for example, created another current of Jiu-Jitsu.

We have had a focus on Hélio and Carlos as being the ones who changed everything, while Carlson, one of the greatest fighters in the family, but also one of the first (there was George before him) who left the influence of the Gracie Academy to really become the one who would have the most impact on the soft art from 1964.

But history is often completely stifled by the dramas, the buzz that has been shared by newspapers or fascinated students. Today we are fortunate to have the possibility of having more and more access to the libraries and archives of different countries, with the possibility of translating texts that often do not confirm what has been said.

One of the greatest examples is Master Mas Oyama who, in addition to the influence he had and used in the media to sell his school, it is thanks to his former students like Nakamura or the Oyama brothers who over time have shared facts, more than marketing effects.

There is no harm in selling dreams, in motivating the desire to enter dojos, in fact the demos are for that, but the history, which is sometimes written by the dominant ones, should be studied to know if we are not missing out on important characters or actions to understand why we are where we are today.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #336 : Kyokushin vs Karate d’Okinawa

Cet article explore les différences fondamentales entre le Kyokushin et le Karaté d'Okinawa, notamment en termes d'objectifs et de philosophie. Alors que le Kyokushin met l'accent sur le développement de la force physique et l'efficacité en compétition, le Karaté d'Okinawa privilégie la self-defense et la protection.  L'auteur souligne également l'influence du marketing dans la construction de l'image du Kyokushin et invite le lecteur à trouver sa propre voie en matière d'arts martiaux.

J’écris actuellement un court essai sur les premières années du Kyokushin, comparant la réalité historique aux récits traditionnels. C’est un exercice amusant, car nous, enfants du Karaté Bushido et de l’ère pré-internet, avons grandi avec les histoires transmises par nos senpai et sensei.

Ces histoires nous ont fait rêver de combattants incroyables de toutes les nations et de toutes les époques. Le Kyokushin a construit et exploité l’image du « strongest karate », un terme marketing inventé par Ikki Kajiwara (mangaka de Karate Baka Ishidai) pour promouvoir le premier championnat du monde du style en 1975. Beaucoup d’éléments relèvent du marketing, mais j’y reviendrai plus tard.

Un point intéressant est la remarque de Bobby Lowe (instructeur hawaïen qui a rencontré Oyama en 1952 et premier uchi deshi) selon laquelle le Karaté Oyama n’était pas axé sur la self-defense. Il est bien placé pour le savoir, car c’est lui qui a créé le cursus de Goshin Jitsu à la demande de Sosai, suite à des critiques sur cet aspect de son école.

Contrairement à l’objectif de self-defense mis en avant par les sensei d’Okinawa, l’école Kyokushin vise à former des hommes forts. Cette différence, interprétable de multiples façons, est fondamentale. Les coups de pied hauts (geri) sont rares dans les styles okinawaïens, car peu utiles en combat réel. A l’inverse, les jodan geri en Kyokushin sont impressionnants, exécutés à une distance rapprochée, en zone de poing.

Quand un karaté cherche à renforcer et l’autre à protéger, les philosophies et les visions du style divergent. Certains dojos d’Okinawa, comme le Goju-ryu Meibu-kan (https://www.youtube.com/watch?v=63c3KwGQT4I), combinent les deux approches.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

Martial Reflections of a Hypnofighter #336: Kyokushin vs Okinawan Karate

I am currently writing a short essay on the early years of Kyokushin, comparing historical reality with traditional narratives. It’s a fun exercise because we, children of Bushido Karate and the pre-internet era, grew up with the stories passed down by our senpai and sensei.

These stories made us dream of incredible fighters from all nations and eras. Kyokushin built and exploited the image of the « strongest karate, » a marketing term coined by Ikki Kajiwara (mangaka of Karate Baka Ishidai) to promote the first world championship of the style in 1975. Many elements are just marketing, but I’ll come back to that later.

An interesting point is the observation by Bobby Lowe (Hawaiian instructor who met Oyama in 1952 and the first uchi deshi) that Oyama Karate was not oriented towards self-defense. He is well placed to know, since he created the Goshin Jitsu curriculum at the request of Sosai, following criticism of this aspect of his school.

Unlike the self-defense objective put forward by Okinawan sensei, the Kyokushin school aims to produce strong men. This difference, interpretable in many ways, is fundamental. High kicks (geri) are rare in Okinawan styles because they are not very useful in real combat. Conversely, jodan geri in Kyokushin are impressive, executed at close range, in punching zone.

When one karate seeks to strengthen and the other to protect, philosophies and visions of the style diverge. Some Okinawan dojos, like the Goju-ryu Meibu-kan (https://www.youtube.com/watch?v=63c3KwGQT4I), combine both approaches.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #223 : La difficulté de la tradition

Dans les arts martiaux, il y a souvent un discours orienté vers le passé, un respect envers les anciens qui peut parfois être bénéfique, mais qui peut tout autant freiner le développement du système. Par exemple, depuis la forme de Shaolin du Wushu, nous avons évolué vers des styles aussi spécifiques que le Wing Chun.

À quand remonte la tradition ? Au Xi Yi Chuan, au Yi Chuan de Wang Xiangzhai ou au Taikiken de Sawai ? Devons-nous considérer Carlos Gracie comme le fondateur de la forme traditionnelle du Jiujitsu brésilien ou Maeda qui lui a enseigné ? Mais ce dernier représentait le Kodokan Judo. Se pourrait-il que la tradition du Jiujitsu brésilien soit en réalité la forme japonaise ?

En Kyokushin, lorsqu’on parle de tradition, met-on en avant le travail de Mas Oyama ou doit-on remonter au Goju ryu de Yamaguchi Sensei, voire à la forme d’Okinawa de Miyagi Chojun ?

Au-delà de l’origine de la tradition, nous voyons que nous respectons souvent le style, l’école comme étant traditionnels, mais en réalité ce que les fondateurs ont créé n’était pas traditionnel, c’était une évolution. Pour Ueshiba, l’Aikido n’était pas du Daito ryu Aikijutsu, ainsi il devient un non-traditionaliste…

Quand on dit aux élèves dans une forme ou un kata de faire tel ou tel mouvement parce que c’est “traditionnellement” comme ça qu’on le fait, de quoi parle-t-on ? De qui parle-t-on ?

Il est important d’avoir de la gratitude envers nos anciens qui ont partagé leurs compréhensions, mais nous ne devons surtout pas nous enfermer dans telle ou telle forme. Il est facile de revenir sur le passé comme une figure d’autorité sur la justesse de ce qui est enseigné, mais comme je vous l’ai déjà partagé, s’il y avait une forme juste, nous n’aurions pas autant de différences sur des katas communs aux différents styles.

Si nous souhaitons suivre une lignée, il est important de connaître ce qui a été fait, mais les façons de combattre évoluent. Il est donc crucial que les nouvelles générations repensent les fondamentaux pour offrir des outils qui correspondent aux besoins actuels.

#karate #jiujitsu #MMA #tradition #modernisme #difficulté #yichuan #taikiken

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

http://www.passioncombat.net

Martial Reflections of a Hypnofighter #223: The Difficulty of Tradition

In martial arts, there is often a discourse oriented towards the past, a respect for the elders that can sometimes be beneficial but can also hinder the development of the system. For example, from the Shaolin form of Wushu, we have evolved to styles as specific as Wing Chun.

To when does tradition date back? To Xi Yi Chuan, to Yi Chuan by Wang Xiangzhai, or to Taikiken by Sawai? Should we consider Carlos Gracie as the founder of the traditional form of Brazilian Jiu-Jitsu or Maeda, who taught him? But the latter represented Kodokan Judo. Could it be that the tradition of Brazilian Jiu-Jitsu is, in reality, the Japanese form?

In Kyokushin, when we talk about tradition, do we highlight the work of Mas Oyama, or should we go back to the Goju Ryu of Yamaguchi Sensei, or even further to the Okinawan form of Miyagi Chojun?

Beyond the origin of the tradition, we see that we often respect the style, the school as traditional, but in reality, what the founders created was not traditional; it was an evolution. For Ueshiba, Aikido was not Daito Ryu Aikijutsu, so he becomes a non-traditionalist…

When we tell students in a form or kata to perform a particular movement because that’s « traditionally » how it is done, what are we talking about? Whom are we talking about?

We can genuinely have gratitude towards our elders who shared their understandings, but we must not lock ourselves into any particular form. It is easy to refer to the past as an authority on the correctness of what is taught, but as I have already shared with you, if there were a correct form, we would not have so many differences in common katas across different styles.

If we wish to follow a lineage, it is important to know what has been done, but the ways of fighting evolve. Therefore, it is crucial for new generations to rethink the fundamentals to offer tools that meet current needs.

#karate #jiujitsu #MMA #tradition #modernism #difficulty #yichuan #taikiken

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

http://www.passioncombat.net