Réflexions de Pank / Instantané #334 : Quand l’alternative fonctionne comme le système

Ce texte explore le paradoxe des individus qui, tout en cherchant des alternatives au système dominant, finissent par reproduire les mêmes schémas de pensée et de comportement au sein de structures alternatives. L'auteur met en lumière la difficulté de transcender les normes et les valeurs établies, même lorsque l'on aspire à un changement radical.

Il est passionnant de constater la diversité des alternatives de pensée, de mode de vie et d’approches politiques à travers le monde.  Or, la différence étant souvent mal acceptée, l’être humain tend à rejeter, voire à détruire, ce qui s’écarte de la norme.

Pourtant, aussi « alternatifs » soient-ils, la plupart des individus s’insèrent dans des cadres sociaux communs et rares sont ceux qui se retirent complètement du monde.  On observe alors des valeurs alternatives tentant de s’exprimer au sein de mécanismes normés.

On pourrait s’attendre à ce que, dans des structures normées, les valeurs alternatives transcendent la forme.  Or,  le monde du travail, même dans les entreprises prônant des alternatives de management,  nous montre le contraire.

On y retrouve des employés adoptant les mêmes attitudes et critiques envers un système qu’ils cherchent pourtant à fuir. Les tensions sont similaires, voire exacerbées par le manque de cadre  propre aux structures alternatives.

L’importance accordée à la rémunération et à la reconnaissance individuelle  l’emporte souvent sur la solidarité et l’entraide.  Ces « alternatifs » reproduisent alors les comportements toxiques qu’ils dénoncent par ailleurs.  Force est de constater que nous ne sommes parfois « alternatifs » que dans certains contextes.

Prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One,

Pank

Pank’s Reflections / Snapshot #334: When the Alternative Functions Like the System

It is fascinating to observe the diversity of alternative thoughts, lifestyles, and political approaches around the world. However, since difference is often poorly accepted, human beings tend to reject, even destroy, what deviates from the norm.

Yet, as « alternative » as they may be, most individuals fit into common social frameworks, and rare are those who completely withdraw from the world. We then observe alternative values attempting to express themselves within standardized mechanisms.

One might expect that, within standardized structures, alternative values would transcend form. However, the world of work, even in companies advocating for alternative management, shows us the opposite.

We find employees adopting the same attitudes and criticisms towards a system they are nevertheless trying to escape. Tensions are similar, even exacerbated by the lack of framework specific to alternative structures.

The importance given to remuneration and individual recognition often outweighs solidarity and mutual aid. These « alternatives » then reproduce the toxic behaviors they denounce elsewhere. It is clear that we are sometimes only « alternative » in certain contexts.

Take what is good and right for you.

Be One,

Pank

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #52 : La difficulté des grandes écoles

J’ai la chance d’avoir un dojo assez petit dans tous les sens du terme. Ce qui est plutôt bien en BJJ et Luta, c’est que nous prenons beaucoup de place parce que nous nous allongeons au sol. Cette particularité du style limite le nombre de pratiquants.

On pourrait être frustré, mais on fait avec les moyens du bord, et l’essentiel est que les apprenants puissent quand même s’exprimer sans être trop les uns sur les autres. Cette systémie m’offre une proximité avec ma cinquantaine d’élèves. Je connais leur prénom, je peux voir quand quelqu’un entre ou sort de la salle, je connais leur progression, etc.

C’est vraiment bien pour moi et pour mon enseignement. La difficulté se trouve dans les grandes académies qui, certes, font un bon chiffre d’affaires mais brassent énormément de pratiquants. Il est difficile pour les professeurs de vraiment prêter attention à tous et cet anonymat crée automatiquement des clans.

Il est difficile de ne pas être reconnu, et la nature fait que nous allons nous regrouper autour de points communs avec d’autres élèves, parfois en opposition avec des enseignants ou des cadres qui ne correspondent pas.

On pourrait se dire qu’ils n’ont qu’à partir si ce qui est proposé ne convient pas, mais la plupart des sportifs se retrouvent dans des lieux avant tout pour la proximité, puis avec les années, restent par les habitudes, qu’elles soient sociales ou pratiques. Comme en plus nous avons une tendance à biaiser, nous continuons à ne voir que ce qui ne correspond pas, ce qui avec le temps va créer des tensions au sein du dojo.

Si rapidement, les « dissidents » ne sont pas recadrés ou renvoyés, l’ambiance générale du groupe va se faire sentir. Les grands groupes sont toujours difficiles à gérer, et beaucoup d’enseignants ne sont pas là pour faire de la gestion des ressources humaines (RH).

Il se peut également que ça soit la faute de la discipline, ou en tout cas ce qu’est devenu le BJJ et la Luta. Beaucoup de pratiquants ont l’idée que c’est un art martial plus « cool » que les styles japonais ou chinois. Le côté Do Brasil et puis l’ambiance, souvent la musique, les quelques rituels de salutation, l’exemple de beaucoup de Brésiliens qui pendant des années arrivaient en retard, les cours qui ne commencent ni ne finissent dans les temps, etc.

Les élèves voyant les anciens agir comme cela, ou simplement n’ayant pas de cadre strict dans ces grandes usines à pratiquants, répètent simplement ce qu’ils perçoivent. Quand Itosu a développé le Karaté de masse, il a dû modifier ce qui a fait pendant des décennies l’enseignement en petit groupe de ce style. Il a créé une étiquette et une discipline très formelle.

Les kihons se répétaient en rythme, tout le monde en même temps, il n’y avait pas de place ni à la créativité ni à l’individualité. Avec un style plus relaxe où l’égo des élèves peut facilement exploser, la quantité de pratiquants peut devenir un vrai problème.

Tout se joue dans les règles et les cadres. Si tout est clair et défini, qu’il n’y a pas de passe-droit, notamment avec les ceintures noires, que tout le monde est soumis aux mêmes règles, les choses se conforment. Il n’y a de liberté que dans des cadres déterminés, sinon nous passons notre temps à chercher les limites de ladite liberté.

C’est une réflexion complexe que doivent se poser les propriétaires de grandes salles, pour maintenir un niveau d’enseignement de qualité, une satisfaction globale élevée, sans que tout ne devienne impersonnel et qu’il y ait de vrais bénéfices pour les adhérents dans une ambiance constructive.

Et vous, comment géreriez-vous une grosse académie ?

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One.
Pank

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