Réflexions martiales d’un Hypnofighter #26 : Enseigner la self-defense à des débutants

Cela faisait longtemps que je n’avais pas partagé un atelier axé sur la self-defense avec des néophytes. Dans le cadre d’une
cagnotte pour un trek dans le désert, la femme d’un de mes élèves a demandé si je pouvais proposer un cours en contrepartie.

J’ai eu une dizaine de femmes qui souhaitaient découvrir la self-defense. Parmi elles, deux avaient déjà été agressées, selon un modèle de saisie. Nous savons que les agressions d’hommes envers des femmes sont différentes de celles entre hommes. Les
rituels et les tentatives de prise de pouvoir ne se manifestent pas de la même manière.

J’ai donc choisi de travailler sur des techniques de grappling en associant des éléments de Kali et de Silat. La première chose marquante a été de constater à quel point le contact physique était difficile pour des personnes qui n’avaient pas l’habitude de saisir ou de se coller. Sans parler des « frappes » qui, entre la peur de faire mal et le manque de coordination, ressemblaient davantage à des attaques d’enfants qu’à celles d’adultes.
La défense personnelle se veut un processus simple dont l’objectif principal est de rentrer chez soi sans la moindre blessure.

La possibilité de s’échapper est primordiale, car dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de combats pour survivre, mais plutôt d’actions visant à fuir.

Au début, les apprenantes avaient du mal à gérer les angles pour se libérer, mais peu à peu, elles ont automatisé leur démarche pour prendre conscience des possibilités d’évasion. Les questions fusaient sur les différentes situations, les gabarits potentiels des agresseurs, la manière de frapper les parties sensibles, etc. Cependant, lorsque je suis passé d’un style plus axé sur le jiujitsu,
pour gérer les prises et éviter l’immobilisation, à une forme plus agressive incluant des frappes, j’ai remarqué le malaise des
participantes.
Donner des coups ou frapper dans les yeux, les parties sensibles, etc., sont des choses qui ne sont pas du tout naturelles. La
simple idée de toucher la tête ou d’utiliser le « schreiding » (placer les mains sur le visage) les bloquait.
Bien sûr, nous n’étions pas dans un contexte où les personnes étaient davantage intéressées par ce type d’activité. Il ne semblait
pas y avoir une crainte particulière liée à une agression. Nous nous retrouvions plus avec des étudiantes qui se demandaient
quand cela allait se terminer plutôt que d’être réellement passionnées par le cours.
Cela m’a fait faire un parallèle avec mes élèves lors des entraînements, qui s’inscrivent initialement pour pratiquer le jiujitsu et la
lutte, et se retrouvent à devoir gérer des frappes, voire les donner eux-mêmes. Cette approche est assez malaisante pour
beaucoup de pratiquants du grappling. Je réalise qu’en plus du fait que ce n’était pas leur motivation initiale, beaucoup ont du
mal à frapper naturellement. Cela peut expliquer pourquoi de nombreuses personnes se figent lors d’agressions violentes avec
des coups puissants.
Il existe des instincts différents dans les sports de combat : les frappeurs sont souvent assez nerveux, tandis que les grapplers
sont davantage dans une notion de contrôle. Dans la rue, et encore plus avec des débutants, ce qui peut ressortir est ce qui est
naturel pour nous. Certains voudront faire mal à leur agresseur, tandis que d’autres chercheront rapidement à neutraliser la
situation avec le moins de violence possible.
La forme de défense que nous proposons à nos élèves doit correspondre à leurs instincts, sachant que lors de situations de stress, ce qui ressort est ce qui correspond à notre nature. Ce moment de partage m’a rappelé que même si beaucoup veulent apprendre à se défendre, beaucoup risquent instinctivement de se retrouver dans l’incapacité d’initier rapidement une défense ou une contre-attaque, et de vivre une gestion difficile du conflit.

Et vous, vous sentez-vous davantage frappeur ou grappler ?

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank

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