Le monde des arts martiaux reste, tout comme celui de l’hypnose, un petit monde. Cela est d’autant plus évident avec la prédominance des réseaux sociaux où nous pouvons facilement voir les liens entre les pratiquants que nous connaissons et ceux qui sont actuellement en vue. Les arts martiaux en général, et plus spécifiquement ceux où l’opposition est au cœur des systèmes, ont un impact sur le nombre de pratiquants. C’est d’ailleurs pour cette raison que je pense que le MMA ne sera populaire que pendant un laps de temps. Ce sport est si exigeant qu’il est difficile d’atteindre un bon niveau sans un entraînement intensif. De plus, étant donné qu’il nécessite de nombreux sparrings dans toutes les dimensions, les blessures et la sensation de stagnation diminuent rapidement les motivations initiales.
Nous l’avons vu avec le Muay Thai, le sport de combat pied-poing le plus difficile, où les clubs ont dû s’adapter en proposant des cours plus axés sur la remise en forme que sur le combat. Comme dans tous les sports, il y aura des pratiquants loisirs ainsi que ceux qui, sans être des professionnels, seront particulièrement investis. Au fil des années, je me rends compte qu’il n’y a pas autant d’anciens que cela, que ce soit en BJJ, en Luta ou en MMA.
C’est la raison pour laquelle nous nous « connaissons » tous. Nous nous sommes tous croisés, que ce soit sur les tatamis ou sur les rings, ou bien dans le milieu plus fédéral, lors des réunions ou de la création de différentes structures. Il y a donc une proximité entre nous tous. Si tu connais certains professeurs de Jiu-jitsu, tu es quasiment sûr de trouver un lien avec ton académie. Nous avons vu ces disciplines se construire, et au départ, tout comme au début du judo ou du karaté, il y avait peu de pratiquants.
L’intérêt de cette proximité est que nous pouvons facilement entrer en contact et échanger sans tension, simplement dans le désir de partager. L’état d’esprit est constructif, même si, comme dans tout groupe social, il peut y avoir des divergences d’opinions sur des décisions ou des attentes plus politiques.
D’un point de vue technique, il n’y a plus ce qui pouvait exister lors des années mystiques des arts martiaux, avec des secrets ou des histoires de maîtres se livrant à des combats clandestins dans des parkings de Shanghai ou de Tokyo. Nous avons un véritable partage, un plaisir à échanger et à évoluer ensemble.
C’est grâce aux athlètes français qui apprennent et progressent sur les scènes nationales et internationales que tous les clubs de l’hexagone pourront obtenir une reconnaissance de la part d’un public qui commence à mieux les connaître, même s’il reste parfois plein de préjugés. Nous l’avons constaté avec les combats de Cyril Gane ou de Salahdine Parnasse, les médias ouvrent ce monde à tous. Bien sûr, plus cet univers s’étendra, plus il pourra y avoir de distance entre les acteurs, mais ne nous faisons pas d’illusions, les arts martiaux, tout comme la tendance moderne, ne sont que des niches qui ne s’étendront pas particulièrement loin. On le constate avec la boxe anglaise, qui même si elle était diffusée sur Canal+ dans les années 90, est restée marginale.
Les sports de KO ou de soumission sélectionnent rapidement, et une fois les effets médiatiques passés, cette bulle de croissance diminuera, et seuls resteront dans les académies ou les dojos ce petit monde qui est le nôtre.
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank
