Pour ceux qui ont suivi le podcast sur le deuil que j’ai réalisé avec François (https://youtu.be/1YutUfbCHAo), nous avons pu constater à quel point c’est une épreuve complexe pour beaucoup de personnes dans notre société moderne européenne. Nous ne sommes pas véritablement préparés à faire face à la mort. Les familles en parlent peu, à moins que celle-ci ne soit imminente en raison d’une maladie. D’ailleurs, même le vocabulaire associé à la mort est tabou, utilisant des termes tels que « éteindre », « partir » ou « s’envoler ». Cela peut sembler beau, romantique, voire stylé comme expression cependant la mort est la fin de la vie dans un corps pour n’être que de la chair froide. Oui, ce n’est pas très glamour, mais la mort enlève l’essence même de notre humanité, celle que nous connaissons et que nous sommes.
La fin de la vie est souvent un sujet évité, provoquant chez certaines personnes une crispation et une tendance à faire des évitements. Pourtant, nous savons tous que personne n’échappera à cette réalité, que ce soit au sein de notre famille ou parmi nos amis. La mort est une présence constante à nos côtés. Ignorer le sujet ne l’efface pas pour autant. Comme je le partage dans « La Voie du Loser », je suis convaincu que nous devrions aider davantage les individus à apprendre à chuter. Cela ne supprimera pas la douleur ni les larmes. Il y aura toujours un impact, une remise en question, une déstructuration et une restructuration. Cela prendra du temps, notre propre temps. Cependant, nous apprendrons à comprendre la force des liens, à saisir les aspects qui peuvent nous permettre de vivre notre deuil à notre manière et à comprendre dans quelle phase nous nous trouvons.
Apprendre, méditer et même se projeter ne signifie pas que la douleur sera atténuée, que la chute sera sans impact lorsqu’elle atteindra le sol. Mais au lieu de se briser et de rester à terre dans une souffrance infinie, nous atténuons, nous réorientons et nous nous relevons, certes abîmés et touchés, mais aptes à vivre avec la mort.
Nous comprenons que la culture de la mort n’est qu’un cadre. Aujourd’hui, nous avons placé cette réalité dans un cadre que nous séparons et rangeons loin de nous. Dans les grandes villes, même la mort a des horaires de visite. Nous ne pouvons pas aller au cimetière quand bon nous semble. Pourtant, de nombreuses cultures déplacent régulièrement les défunts, les habillent, les retournent, selon l’endroit du globe où nous nous trouvons.
Redonner une place quasi centrale à la mort donnerait sûrement plus de sens à la vie, plus de saveur à cet éphémère. Nous fuyons la pensée d’un événement qui nous touchera, ainsi que tous ceux que nous aimons. Nous pourrions nous battre avec la mort, mais pour quoi faire ? Elle gagnerait, ne jouons pas avec elle. Transformons-la en une conseillère qui donne du sens et rappelle chaque jour que peut-être c’est la dernière fois que nous savourons une tasse de café, embrassons une personne ou appelons un proche.
Elle nous rend présents, attentifs, conscients que ce qui est voué à disparaître lorsque nous partirons. Dans cette association, nous pouvons apprendre et savoir que oui, la mort apporte de la souffrance et laissera des cicatrices dans notre esprit. Nous serons marqués, mais nous continuerons néanmoins à vivre, car elle n’est pas là pour nous empêcher de vivre, mais pour nous orienter vers elle.
En tant que thérapeutes, nous devrions peut-être accorder encore plus d’importance à notre rapport à la mort, afin de pouvoir offrir une écoute, une possibilité d’expression libre à nos partenaires, une ouverture à la compréhension que les liens et la vie sont et seront toujours associés à cette fin, cette mort, cet adieu. Cela permettrait aux personnes que nous accompagnons de traverser leur cycle de deuil à leur manière, en atténuant leur chute et en apprenant que c’est un voyage qui leur est propre et unique.
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be One
Pank
