Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #66 : Changement de Style et Disparition des Fondateurs

Il est indéniable que les fondateurs de toutes les disciplines possèdent des recherches et des philosophies spécifiques qu’ils partagent et enseignent peu à peu à ceux qui les suivront. Souvent, les successeurs apportent de nombreuses modifications ; il suffit de regarder les postures relativement hautes de Gichin Funakoshi en Karaté Shotokan et les postures bien plus basses actuellement associées à son fils Yoshitaka. On pourrait dire que le Jiu-Jitsu de Helio n’est plus tout à fait le même que celui pratiqué au quotidien dans le monde.

Il y a un style qui m’a particulièrement marqué par sa transformation, un style qui me plaisait beaucoup mais que je n’ai pas exploré au-delà de quelques stages en raison des changements survenus. Ce style est le Shorinji Kempo. Une forme de Kempo organisée par So Doshin, qui, à l’instar du Judo à son époque, visait à former des individus solides et capables pour leurs familles et la société.

Pour y parvenir, tout comme Oyama l’a fait avec le Kyokushin, les combattants étaient des pratiquants considérés comme forts, bien que le fondateur recherchait un chemin spirituel à travers un courant bouddhiste reflété dans la pratique de cet art martial. Cela a frustré certains élèves, dont le fondateur du ByakurenKaikan, Sugihara, qui a décidé de se tester dans une compétition ouverte en Seidokaikan (fondé par Ishii, le créateur du K1). Sa victoire dans le tournoi a perturbé un peu l’organisation, le poussant à créer sa propre école.

Fait intéressant, les Kempoka de cette école étaient considérés comme particulièrement axés sur le combat. Il y a environ deux décennies, après avoir vu des vidéos et des démonstrations d’Aosaka, je me suis retrouvé à visiter le dojo historique du Chesnay pour sparrer avec eux. J’avais clairement indiqué dès mon arrivée que j’avais l’intention de sparrer avec eux pour voir si ce que j’avais lu était vrai. Après seulement 3 combats avec les pratiquants avancés, j’ai réalisé que le style était bien différent de ce que j’avais imaginé. Cependant, la discussion qui a suivi était très enrichissante.

Ils m’ont expliqué qu’après le décès du fondateur, le style, qui compte de nombreux adeptes au Japon, a subi un changement philosophique complet. C’est en quelque sorte similaire au Kyokushin ou à d’autres styles durs qui ont cessé de pratiquer avec d’autres écoles ; eux ont choisi de se concentrer davantage sur l’aspect philosophique. Si un style a été reconnu comme étant fort pendant des années, il peut perdre cette reconnaissance lorsque les descendants cessent l’orientation initiale et jouent avec les « légendes » du passé.

Je trouve cela regrettable que, au lieu d’évoluer au sein du système, les pratiquants qui prennent des rôles de leadership altèrent les fondements. Je comprends que parfois l’adaptation soit nécessaire, comme l’a fait l’IKO 1 en intégrant des règles de non-contact dans les compétitions en contact complet, mais l’essence est perdue. Il est naturel que les élèves ne se retrouvent parfois pas avec la philosophie et la direction initiales de leur instructeur ou de leur style ; rien ne les empêche d’initier quelque chose qui leur correspond, et cela pourrait même potentiellement révolutionner certains aspects.

Avez-vous observé des changements significatifs dans vos écoles par rapport à la philosophie initiale de la discipline ?

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be One.
Pank

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Réflexions martiales d’un Hypnofighter #18  Réflexions sur la mortalité des maîtres d’arts martiaux

On associe souvent les arts martiaux à un mode de vie particulier. Dans l’imaginaire collectif, les pratiquants sont souvent représentés comme ayant des capacités physiques exceptionnelles et une force mentale indestructible. On s’attend à ce qu’un vieux maître soit encore en bonne forme physique et doté d’une sagesse infinie.


Cependant, la réalité est que de nombreux anciens pratiquants d’arts martiaux, au 2&e siècle, se retrouvent souvent dans un état assez lamentable. Ils souffrent de douleurs dans tout le corps, sont parfois incapables d’effectuer certains mouvements, et en ce qui concerne la sagesse, celle-ci est souvent mise de côté, surtout après le premier verre.


Depuis des années, je m’intéresse à la façon dont les gens meurent. Je cherche à comprendre si le mode de vie et la mentalité peuvent influencer ces aspects. Bien sûr, on pourrait supposer qu’un athlète ne mourra pas de la même manière qu’un alcoolique.


Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les pratiquants d’arts martiaux, qu’ils pratiquent des styles durs ou souples. Je m’intéresse aux pathologies qu’ils développent et à l’âge auquel ils décèdent. Par exemple, il est cohérent qu’un Mas Oyama meure d’un cancer des poumons s’il fumait, même s’il s’entraînait beaucoup. De même, les pratiquants de Taikiken ont tendance à faire des AVC, or c’est un style interne mais …dur. Récemment, nous avons appris que Rickson Gracie était atteint de la maladie de Parkinson. Il en va de même pour Ali, qui a subi de nombreux traumatismes liés aux coups reçus, ce qui ne semble pas contradictoire.


Cependant, Rickson Gracie (63 ans), bien qu’ayant été sous pression depuis son enfance et ayant beaucoup combattu en MMA professionnel, n’a pas reçu trop de coups au visage. Il pratiquait beaucoup le yoga, le pranayama et suivait un régime plutôt sain en suivant la Gracie Diet. Il y avait également des questions sur le dopage, mais est-ce que cela y est lié ? Il n’existe pas d’études sur l’association entre le dopage et la maladie de Parkinson.


Si des athlètes qui représentent un mode de vie relativement sain peuvent développer des maladies dégénératives de ce type, cela remet en question l’impact réel des arts martiaux sur le bien-être. Même les styles plus internes ne semblent pas offrir une meilleure protection. Pourtant, on nous présente de nombreux exemples d’anciens pratiquants qui vivent jusqu’à un âge avancé. La question qui se pose est donc : à quelles conditions ? Est-ce que l’aspect belliqueux des pratiquants et leur excès ne finissent pas par épuiser leur corps ? Qu’est ce qui a changé entre la pratique du début 20e et maintenant ?
Cependant, un élément semble avoir changé : les anciens du 19e et du début du 20e siècle mouraient en moyenne vers l’âge de 79 ans (dans la liste qui suit). Voici quelques exemples de maîtres et leur âge au décès :


• Gichin Funakoshi, fondateur du style Shotokan : 88 ans
• Kenwa Mabuni, fondateur du style Shito Ryu : 62 ans
• Kyuzo Mifune, expert en Judo : 81 ans
• Jigoro Kano, fondateur du Judo : 77 ans
• Hironori Otsuka, fondateur du style Wado Ryu : 89 ans
• Morihei Ueshiba, fondateur de l’Aïkido : 85 ans
• Choki Motobu, expert en Karaté : 74 ans
• Yasutsune Itosu, pionnier du Karaté moderne : environ 85 ans
• Kanō Jigorō, fondateur du Judo : 77 ans
• Masutatsu Oyama, fondateur du style Kyokushin Karaté : 70 ans
• Gogen Yamaguchi, fondateur du style Goju-Kai Karaté : 80 ans
• Choshin Chibana, fondateur du style Kobayashi Shorin Ryu : 83 ans
• Toyotaro Miyazaki, fondateur du style Gōjū-Ryū Kenbukan Karaté : 91 ans
• Kanken Toyama, fondateur du style Shudokan Karaté : 78 ans
• Shoshin Nagamine, fondateur du style Matsubayashi Ryu Karaté : 90 ans
• Seikichi Toguchi, fondateur du style Shorei Ryu Karaté : 80 ans
• Meitatsu Yagi, fondateur du style Meibukan Goju Ryu Karaté : 91 ans
• Yoshio Sugino, fondateur du style Katori Shinto Ryu : 93 ans


Il est possible que les formes, l’intensité et peut-être même l’excès de performance dans les sports de combat aient eu un impact sur la fin de vie de nos aînés. Il est également possible que notre mode de vie moderne ait également joué un rôle, en raison du stress, par exemple. Cependant, les pratiquants que j’ai mentionnés ont vécu une voire deux guerres, donc en termes de stress, ils ont également été servis.
Pratiquer des sports de combat dans le but d’améliorer notre bien-être est une chose positive, mais nous devons nous assurer que lorsque nos élèves deviendront des seniors, ils pourront vivre confortablement avec un corps fonctionnel.
Pank

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