Lors de mon passage à la Fédération de Lutte, au moment où nous avons créé le comité de grappling, j’assistais à des réunions mensuelles où la lutte occupait 97% du temps, le sambo 2%, et le grappling seulement 1%. Autant dire que ma discipline était peu mise en avant. Cependant, profitant de ces occasions, je consacrais les fins de réunion à questionner les anciens sur la lutte.
Parmi eux, un vieil homme, champion de France de lutte dans les années 50, a suscité une rencontre marquante. Il m’a livré sa perspective sur les raisons pour lesquelles la discipline n’a pas prospéré et a même été largement négligée. Actuellement, la lutte reprend de la vigueur grâce au MMA, bien que cela ne suscite pas nécessairement un engouement massif chez les Français pour intégrer des clubs. Alors, qu’est-ce qui a causé le déclin de la lutte ? Le judo.
Pourtant, la lutte avait été la fédération dominante au sein de laquelle le judo des années 50 avait fait ses premiers pas. Mais c’est la version japonaise de la lutte qui a rapidement pris le dessus, pour une raison fort simple : le gi et le code moral. Il est crucial de noter que la lutte, à l’instar de la boxe, était parfois perçue négativement. Des lutteurs se produisaient dans des foires et leur image n’était pas toujours favorable. De surcroît, le catch apportait une dimension « moins sérieuse » à la discipline.
Le judo a frappé dans le mille en présentant un aspect exotique, mais surtout en insistant sur les valeurs de respect et de rigueur, des notions qui ont rapidement conquis les Français. De plus, grâce à l’école éducative mise en place par Kano, le judo était fortement orienté vers un public enfant. Rien de mieux que d’inscrire ses enfants à des cours de judo pour leur inculquer la rigueur et la force, alors que les lutteurs pouvaient sembler quelque peu brutaux.
À partir de ce moment-là, et même si la lutte est une discipline olympique, elle a été en grande partie délaissée. Sa survie est essentiellement due aux subventions accordées aux disciplines olympiques.
En observant les éloges actuels envers les lutteurs russes ou américains, je me rappelle que nous étions également une nation de lutteurs. Nous étions passionnés par cette discipline, formant des champions et allant jusqu’à développer la lutte gréco-romaine.
Ce qui est troublant, c’est que le sport aurait pu capitaliser sur le phénomène MMA. Cependant, la fédération s’est montrée timorée en n’offrant que peu d’opportunités. Elle laisse ainsi les combattants MMA rejoindre les États-Unis ou le Dagestan pour intégrer des équipes jugées de qualité.
Avec le temps, nos compétences pédagogiques et techniques risquent de s’effacer, comme c’est également le cas en judo avec nos experts du sol ayant émigré en Russie. Il est regrettable de constater que des disciplines historiques s’éteignent, précisément à un moment où elles pourraient renaître de leurs cendres… et lutter.
Et vous, quelle perception avez-vous de la lutte par rapport au judo ?
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be One.
Pank
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