
Je suis toujours étonné de nos lois concernant la défense personnelle. Vous imaginez que si on vous agresse et que vous tapez le premier, vous allez être l’agresseur. Certains cas vont plus loin : il faut attendre une première frappe, voire que l’agresseur sorte une lame, pour que nous puissions nous défendre.
Nous savons que plus nous sommes dans la réaction plutôt que dans l’anticipation, plus nous risquons d’être blessés. C’est d’ailleurs l’un des éléments les plus compliqués : savoir quand est-ce que je commence à me défendre. Est-ce que je dois attendre sa frappe ? Est-ce que je dois attendre une certaine proximité ? Est-ce que je dois attendre un contact ? Est-ce que l’attitude agressive suffit ? Est-ce qu’une poussée est la limite pour répondre par un coup dans les parties ou un takedown ?
Nous nous retrouvons dans des situations contradictoires. Nous nous faisons agresser et en plus, on doit « rester dans la proportion ». Comme si nos émotions étaient proportionnelles à cet instant-là ? Imaginez que si vous fracassez votre agresseur, il se peut que vous soyez jugé et que ce dernier devienne le plaignant !
Il y a une différence entre se faire justice soi-même et simplement gérer au mieux une situation dans laquelle notre capacité cognitive est dans un tunnel et que notre corps est en mode survie. J’avais fait un podcast avec Jimmy Huvet où nous parlions de toutes ces difficultés physiologiques et psychologiques lors d’une agression. Jim est 5e Dan en Krav Maga, un ancien combattant MMA et ceinture marron de Luta Livre. Ce qui me plaît dans sa vision de la self-défense, c’est que son éducation de psychologue offre une perspective réelle sur les possibilités lors des phases de combat.
Il est difficile pour une victime de se retrouver dans cette situation, et même si son caractère et/ou son éducation martiale lui permettent de gérer l’agresseur, il est également victime d’un système qui ne la protège pas. Nous le savons, nos forces de l’ordre ne peuvent pas être partout (et heureusement), mais il peut y avoir cette sensation d’abandon. En effet, nous nous retrouvons non protégés, nous nous sentons en danger, nous parvenons tant bien que mal à nous en sortir parfois avec des excès, voire avec des comportements illégaux (par exemple, avec un couteau ou une matraque), et nous risquons d’être à nouveau victimes.
Le système républicain a un contrat de protection et de justice envers ses citoyens, et il est difficile pour ces derniers de se retrouver sans ce filet de secours, mais le pire est d’être poursuivi pour avoir commis un acte qui n’aurait pas dû avoir lieu au yeux de la loi. Il y a quelques jours, un homme qui avait pris en flagrant délit des jeunes cambrioleurs chez lui, en présence de sa femme et de son enfant, s’est retrouvé au poste pour séquestration d’un des voleurs qu’il avait maîtrisé en attendant la police (il est possible que les faits soient un peu différents que ce que le témoignage rapporte).
Il y a une pression à gérer lorsque nous sommes confrontés à des phases d’agression, et même si beaucoup reste dans le rituel avec quelques bousculades, d’autres situations vont beaucoup plus loin. Beaucoup de ce que nous enseignons dans les cours est déjà complètement illégal. Nous pouvons parler de survie, mais causer la perte d’un œil ou briser des genoux, voire, nous les grapplers, endormir un individu jusqu’à ce qu’il perde connaissance devant tout le monde, risque de nous coûter cher.
Quelle est votre philosophie dans les combats de rue ? Explosion de violence ? Gestion du conflit ? Quelques frappes ?
Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank